Reinold Geiger, président du conseil d’administration du groupe français L'Occitane, s’est exprimé concernant les circonstances du retrait de la marque de Russie.
Dans sa tribune publiée par Le Figaro, il s’en prend à l’application "à l'aveugle des sanctions tous azimuts" qui "ont des effets boomerang d'abord sur les économies européennes". Les sanctions ont été initiées par les États-Unis, mais l’Europe "reste à la traîne", affirme-t-il.
"Rien n'est simple dans ce conflit, mais comment ne pas être frustré quand, du jour au lendemain, des années de travail sont remises en cause par des décisions uniques?", s’interroge le dirigeant, dont le groupe a annoncé son retrait de Russie à la mi-avril.
Fin juin, pourtant, la marque, reprise par le management local, a rouvert ses boutiques en Russie, en changeant de nom, lequel s’écrit désormais en cyrillique.
Reinold Geiger dénonce également le rôle sinistre de l’Université de Yale qui, dès le début du conflit en Ukraine, a établi une liste des entreprises qui ont quitté le marché russe et celles qui ne l’ont pas fait. "La vindicte des internautes devenait insupportable et risquait de mettre en péril ses activités dans d'autres régions du monde", explique-t-il.
Départs inévitables?
Ces derniers mois, plusieurs entreprises françaises ont quitté le marché russe. C’était le cas de Schneider Electric (équipements de distribution électrique), Sodexo (restauration collective), Michelin (pneumatiques), Sephora (cosmétiques).
Parmi eux se trouve la banque Société Générale qui a dit adieu à la Russie en avril en vendant ses actifs russes (la banque Rosbank) au holding Interros de l’homme d’affaires russe Vladimir Potanine. L’enseigne française s’apprête à enregistrer une perte nette de 3,2 milliards d'euros.
Un autre géant français, Renault, a cédé en mai une partie de ses actifs russes à la mairie moscovite, une autre (soit 68% qu’il détenait dans le constructeur russe AvtoVAZ avec option de rachat) à l’institut de recherche spécialisé dans l’automobile. Le président du constructeur automobile français Jean-Dominique Senard a qualifié la décision de "très douloureuse". La perte nette de cette démarche est ainsi estimée à 1,36 milliard d'euros au premier semestre, selon le groupe.
Pourtant le groupe Auchan reste actif sur le marché russe et ne prévoit aucun changement dans sa stratégie. "La mission principale d'Auchan Retail Russia est de fournir à la population des produits de qualité à des prix abordables", a déclaré Auchan Russie fin mai. Un exemple suivi par les groupes laitiers Lactalis, Danone ou la marque cosmétique Yves Rocher.