Pourparlers Russie-Ukraine, rideau de fer en Europe: la diplomatie russe s’exprime

Si l’Ukraine et la Russie parviennent à un accord qui tiendra compte des intérêts de Moscou, cela ne signifiera pas que l’Ukraine s’est rendue, a estimé Sergueï Lavrov au micro d’Al Jazeera. Le chef de la diplomatie russe s’est en outre exprimé sur les perspectives d’un nouveau "rideau de fer" en Europe.
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Les exigences de la Russie envers l'Ukraine ne peuvent pas être considérées comme sa reddition, Moscou propose de se mettre d’accord, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans une interview à la chaîne de télévision Al Jazeera.

"Je ne pense pas que cela puisse être qualifié ainsi [d'acte de reddition, ndlr]. L'essentiel ici n'est pas le terme qui sera utilisé. Nous proposons un accord. Il garantira les droits légitimes de tous les peuples qui vivent en Ukraine, y compris de toutes les minorités nationales sans exception, leur égalité", a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision Al Jazeera.

À son avis, cet accord devrait se refléter dans la législation ukrainienne qui comprend actuellement une loi sur trois peuples autochtones, "comme s'il n'y avait jamais eu de Russes sur le sol ukrainien".

Or "ce genre de choses créent une base législative permettant de poursuivre la politique russophobe et pas seulement russophobe, la politique contre toutes les autres minorités nationales: Hongrois, Roumains, Polonais ou Bulgares. Nous partons du fait que c'est le peuple ukrainien qui en décidera. Si les autorités acceptent les conditions dont on discute, ce sera un accord", a indiqué le ministre.

Les négociations piétinent

Moscou est prêt pour un deuxième volet de pourparlers avec Kiev, mais l'Ukraine cherche à gagner du temps, estime le ministre.

"Nous sommes prêts pour le deuxième volet de négociations, mais la partie ukrainienne joue la montre sur les ordres des États-Unis", a noté M.Lavrov.

Dmitri Peskov, porte-parole du Président russe, avait précédemment déclaré que la délégation russe aux négociations russo-ukrainiennes attendra les négociateurs de Kiev ce mercredi 2 mars, tard dans la soirée, dans le lieu convenu. Il avait confirmé que l'assistant du Président, Vladimir Medinski, restait le négociateur principal de la Russie à ces pourparlers.
Le 28 février, le premier volet des négociations s’était tenu sur le territoire biélorusse.

La Russie ne permettra pas à l’Ukraine de créer une arme nucléaire

L'Ukraine a le potentiel technique de créer des armes nucléaires, la Russie ne le lui permettra pas, a déclaré le ministre Lavrov. Il estime également qu'il est nécessaire de déterminer les types d'armes qui ne seront jamais créées en Ukraine.

"Il existe un potentiel technique et technologique [pour l'Ukraine de créer des armes nucléaires, ndlr]. Vladimir Poutine en a parlé, nos experts ont également commenté cette situation. Je peux déclarer de manière responsable que nous ne le permettrons pas [...]. Il faut déterminer des types spécifiques d'armes de frappe qui ne seront jamais déployées en Ukraine et qui ne seront pas créées."

Un nouveau "rideau de fer"?

Si l'Occident décide de baisser un nouveau "rideau de fer" devant la Russie, cela n’affligera pas Moscou qui trouvera d’autres possibilités de développement, a estimé le ministre.
Il a rappelé qu’en 1946 le Premier ministre britannique Winston Churchill avait baissé le premier "rideau de fer" entre l’Occident et l’URSS.

"Tout le monde comprend qu’ériger un +rideau de fer+ est le lot de ceux qui pensent dans les anciennes catégories, celle du colonialisme, du néo-colonialisme. Bien sûr, de telles catégories provoquent des sensations nostalgiques, surtout pour les Britanniques. Mais si l'Occident l’a décidé [maintenant, ndlr], alors je vous assure que nous trouverons un moyen de continuer à vivre, à nous développer. Nous ne nous soucierons pas trop de ce que nos partenaires occidentaux ont fait en prouvant une fois de plus leur manque de fiabilité absolu et leur incapacité totale à parvenir à des ententes", a noté M.Lavrov.

Le ministre a en outre ajouté que "le Royaume-Uni ressent clairement un malaise en voyant qu’on commence à l’oublier après qu'il a procédé au Brexit".
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