Yvan Colonna très grièvement blessé par un détenu dans la prison d'Arles

Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été très grièvement blessé mercredi par un détenu de la prison d'Arles où il était incarcéré.
Sputnik
Les faits se sont déroulés dans la matinée dans la cour de promenade de l'établissement, lorsqu'un détenu, pour des raisons encore inconnues, a violemment agressé à mains nues Yvan Colonna, a précisé une source policière à l'AFP, confirmant une information de BFMTV.
"Son état est très grave, son pronostic vital est engagé. Pour l'instant, il est en réanimation, il n'est pas mort", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
"Son état est très préoccupant", a confirmé auprès de l'AFP une source proche du dossier, ajoutant que son agresseur avait mis un "sac" sur la tête du détenu, qui a perdu connaissance.
La police judiciaire a été saisie de l'enquête pour tentative d'assassinat, selon une source proche de l'enquête.
Aujourd'hui âgé de 61 ans, le berger et militant indépendantiste avait été interpellé en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998 à Ajaccio, après quatre ans de cavale dans le maquis corse.
Il a toujours nié les faits.
Emprisonné à Arles, Yvan Colonna a fait plusieurs demandes de rapprochement en Corse, toutes refusées.
Vingt-quatre ans après les faits, trois hommes sont toujours emprisonnés pour l'assassinat du haut fonctionnaire.
Le soir du 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude Erignac, meurt sous les balles d'un tueur qui lui tire dans le dos, dans une rue d'Ajaccio, alors qu'il se rendait à pied au théâtre.
Il est atteint de trois projectiles de calibre 9 mm dont l'un tiré dans la nuque à bout portant et deux dans la tête pour l'achever à terre. L'arme, un pistolet Beretta, abandonnée sur place, avait été volée en 1997 lors d'une opération commando à la gendarmerie de Pietrosella, près d'Ajaccio.

Onde de choc

L'assassinat du préfet provoque une onde de choc. Les jours suivants, des dizaines de milliers de Corses expriment leur effroi et leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.
Un groupe anonyme revendique l'assassinat du préfet le 9 février.
Deux militants nationalistes sont interpellés et passeront de longs mois de prison, avant d'être relâchés.
Le 30 juin 2016, une juge antiterroriste prononce un non-lieu général bénéficiant à 31 personnes. L'année suivante, l'Etat est condamné pour "faute lourde" à verser 100.000 euros de dommages et intérêts à neuf d'entre elles.
Le 21 mai 1999, quatre hommes sont arrêtés et passent aux aveux. Un mandat d'arrêt est lancé contre un cinquième, Yvan Colonna, qui devient l'homme le plus recherché de France après avoir été accusé durant les gardes à vue d'être le tireur.
Sept nationalistes sont mis en examen fin mai: Pierre Alessandri, Vincent Andriuzzi, Alain Ferrandi, Marcel Istria, Didier Maranelli, Martin Ottaviani et Joseph Versini. Un huitième, Jean Castela, est mis en examen le 2 décembre 1999.
Ils comparaissent en juin et juillet 2003 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Quatre d'entre eux mettent Yvan Colonna hors de cause.
MM. Ferrandi et Alessandri sont condamnés à perpétuité pour assassinat, les autres à des peines de quinze à trente ans pour complicité. MM. Andriuzzi et Castela, présentés par l'accusation comme les "théoriciens", feront appel et seront acquittés en 2006.
Yvan Colonna est arrêté le 4 juillet 2003 dans une bergerie près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud).
Huit ans plus tard et après trois procès, celui qui affirme n'avoir "jamais tué" personne, est condamné le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour motive notamment sa décision par les mises en causes des autres membres du commando et de leurs épouses.
Son pourvoi en cassation est rejeté le 11 juillet 2012, ce qui rend sa condamnation définitive. Il saisit ensuite la Cour européenne des droits de l'Homme qui juge le 8 décembre 2016 irrecevable sa requête pour violation de sa présomption d'innocence.
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