Alors que l’UE entend mener une "guerre économique et financière totale à la Russie", à en croire les récents propos de Bruno Le Maire, certaines voix s’élèvent en France pour demander plus de retenue.
Sur CNews, Nicolas Dupont-Aignan a ainsi appelé à ne pas "engager la France dans un engrenage" dangereux vis-à-vis de la Russie. Le député a invité à voir plus loin que la simple présidence de Vladimir Poutine et à considérer la situation géopolitique dans son ensemble.
"La question est de savoir si l’on va laisser une plaie purulente au cœur de l’Europe ou si l’on va enfin traiter le problème ukrainien à sa racine, ce qu’on aurait dû faire il y a des années. C’est-à-dire trouver un compromis, car Poutine ou pas, la Russie restera", expose-t-il sur la chaîne d’information.
Le candidat aux prochaines présidentielles a en outre déploré que l’UE ne trouve pas sa place sur cet échiquier géopolitique. S’il désapprouve l’opération militaire en Ukraine, Nicolas Dupont-Aignan regrette que les Européens "s’agitent" après-coup, alors même "qu’ils ne se sont pas armés et ont refusé tout effort de défense".
Cette faiblesse des Vingt-Sept en matière de sécurité risque à l’avenir de profiter à la Chine et aux États-Unis, craint le député.
"Surenchère désordonnée"
S’il s’est dit favorable aux sanctions "à court terme", le candidat de DLF (Debout la France) a également critiqué le crescendo des réactions politiques ces derniers jours. Il aurait souhaité que la France fasse plus clairement entendre sa voix ans le concert des nations, plutôt que de rester dans le sillage de Bruxelles.
"En réaction à l’inacceptable agression russe, que je condamne, je constate quand même une surenchère désordonnée de réactions […]. Il n’y a plus de politique française, il y a une politique européenne. Je regrette que la France ne donne pas clairement sa solution pour traiter les causes du conflit", poursuit Nicolas Dupont-Aignan sur CNews.
Les salves de sanctions antirusses se sont succédé depuis le début de l’opération militaire russe en Ukraine. L’UE et les États-Unis ont notamment décidé d’exclure plusieurs banques russes du réseau de paiement international SWIFT. L’ Allemagne a également annoncé suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2.
Plusieurs pays ont néanmoins admis que ces mesures étaient à double tranchant et pourraient peser sur leur propre économie. Londres craint en particulier un accès restreint aux marchés du pétrole et du gaz.
Même refrain pour l’Italie, qui dépend à près de 45% du gaz russe, comme l’a récemment rappelé le Premier ministre Mario Draghi, en vue de préparer les esprits à une possible hausse des prix.
En France, c’est le secteur du tourisme qui inquiète. Les stations de ski de Courchevel, Chamonix ou Megève craignent ainsi de ne plus recevoir leur célèbre clientèle russe suite à la fermeture de l’espace aérien européen. Un déboire de plus pour les professionnels de la montagne, déjà mis à rude épreuve pendant la pandémie de Covid-19.
"Ils ont un pouvoir d'achat bien supérieur. Ça va être une petite difficulté supplémentaire qui s'ajoute à toutes celles qu'on a vécu depuis deux ans", explique sur France Bleu Jean-Luc Boch, président de l’association France-Montagne qui regroupe les principaux acteurs du secteur.