Ces derniers jours, plusieurs pétitions ont été lancées sur le site Change.org concernant le conflit en Ukraine, certaines dans l’espoir de mettre fin à l’opération militaire russe. Par exemple, une pétition en russe appelant à arrêter l'opération russe en Ukraine a réuni à ce jour plus d’un million de signatures. Une autre "Ukraine. La guerre est une folie!", traduite en plusieurs langues, en a collecté plus de 500.000.
À l’heure où Moscou et Kiev ont accepté de s’entretenir en Biélorussie, c’est à se demander l’utilité de telles initiatives, qui n’ont aucun poids juridique. Pas même en France ou dans l’UE, où seules les pétitions écrites avec plus de 500.000 signatures et respectant certaines conditions sont jugées recevables.
En 2016, plus d’un million de personnes avaient signé contre le projet de loi El Khomri en France, laquelle est passée malgré tout grâce au recours du 49.3. En 2018, quelque 1,75 million de personnes appelaient le gouvernement à agir davantage pour le climat, souhaitant que la justice le condamne pour inaction climatique. Réponse du ministre de la Transition écologique de l’époque, François de Rugy: "Ce n'est pas à des juges de forcer le gouvernement à prendre une loi".
En juin 2018, plus d’un million de personnes avaient réussi à obtenir l’annulation des taxes sur le carburant et des garanties sur l’absence de hausse des tarifs sur le gaz et l’électricité. Cela n’a pas empêché les prix de grimper et de voir le mouvement des Gilets jaunes se créer cinq mois plus tard.
Collecte de données
De plus, le site le plus populaire pour les pétitions en ligne, Change.org, a déjà été épinglé pour la collecte et la revente de données personnelles. Pour pouvoir signer, le nom, prénom, l’adresse mail, ainsi que la ville et le code postal de l’internaute sont demandés. Outre les publicités ciblées, le signataire est ensuite susceptible de recevoir d’autres pétitions similaires.
En 2016 déjà, le média italien L’Espresso publiait une enquête révélant la face cachée des pétitions sponsorisées. Des ONG sont prêtes à payer jusqu’à 1,5 euro par adresse mail pour envoyer leurs demandes de signature à des clients "plus enclins à signer et à donner de l’argent dans les campagnes de récolte de fonds".
L’entreprise assure aujourd’hui ne plus vendre de données, menacée à ce titre par le règlement européen sur la protection des données de mai 2018. Sur son site, Change.org prévient toutefois: "nous ne contrôlons pas et ne vérifions pas les antécédents des personnes qui lancent des campagnes, qui signent les pétitions ou qui utilisent autrement Change.org". Enfin, le site déconseille de signer les pétitions en cas de refus de fournir ses données à la personne à l’initiative de la pétition.