Après avoir présidé vendredi à Paris une réunion des ministres des Finances de l’UE consacrée aux sanctions contre la Russie à la suite de l’opération militaire spéciale qu’elle a lancée dans le Donbass, Bruno Le Maire est revenu sur le sujet ce matin sur Europe 1.
Le ministre de l’Économie a signalé que la France n’aurait pas de difficulté à couper le pays du système financier SWIFT, ce qui priverait totalement l’économie russe "de toute possibilité de financement". Mais pour ce faire, il faut encore convaincre les partenaires européens.
Des sanctions "massives" qui seront "efficaces"
"Les enjeux sont évidemment considérables parce que ça veut dire qu'on ne pourra plus payer les livraisons de gaz russe. Cela va poser effectivement des difficultés importantes. Il ne faut pas sous-estimer les conséquences que cela aura sur l'économie européenne", met-il cependant en garde.
"Je voudrais dire avec la plus grande gravité à quel point l’Union européenne a été capable dans cette crise sous l’autorité du Président de la République de prendre des décisions massives, rapides contre la Russie et des décisions qui vont faire mal à Vladimir Poutine", ajoute-t-il.
"Ces sanctions sont massives, je suis convaincu qu’elles seront efficaces."
M.Le Maire affirme que des mesures pourraient être prises "tout de suite… c’est dans les heures qui viennent".
Selon lui, le travail se poursuivra "tout ce week-end pour que ce soit immédiatement efficace".
"Le seul vrai sujet économique, c’est le gaz… Je rappelle que nous nous approvisionnons à 20% en gaz russe", précise-t-il sur les vrais enjeux.
Tentant de rassurer les Français qui ne cachent pas leur inquiétude liée au pouvoir d’achat, il affirme que l’État va continuer à les aider, mais ne nie pas qu’"il y aura nécessairement des conséquences si cette crise était amenée à durer".
Le réseau SWIFT, une "arme nucléaire financière"
Vendredi 25 février, le ministre a déclaré qu’exclure la Russie du réseau SWIFT était une "option", mais qu’il s’agissait d’une "arme nucléaire financière" à utiliser en dernier recours.
"Toutes les options sont sur la table. Reste que quand on a une arme nucléaire financière entre les mains, on réfléchit avant de l'utiliser. Certains États membres ont fait part de réserves. Nous en tenons compte. La France ne fait pas partie de ces États", a-t-il indiqué.
La réponse de la Russie ne sera pas obligatoirement symétrique
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a fait savoir vendredi que la Russie prendrait des contre-mesures pour répondre aux nouvelles sanctions de l’Occident.
Selon lui, l’analyse des restrictions occidentales montrera à quel point les sanctions russes seront symétriques.
"Nous allons agir exclusivement à partir de nos propres intérêts", a-t-il souligné.
Des contre-sanctions russes sont déjà prêtes
La présidente de la chambre haute du Parlement russe Valentina Matvienko a annoncé vendredi que la Russie avait préparé ses propres sanctions qui ne seraient pas symétriques, mais viseraient les points vulnérables des pays occidentaux.
"En ce qui concerne les contre-sanctions, elles sont préparées. Elles ne refléteront pas symétriquement les sanctions contre la Russie, mais nous connaissons bien les points faibles de l’Occident et nous avons également préparé un paquet, toute une série de sanctions, pour les employer contre les États ayant déclaré des sanctions contre la Russie", a-t-elle détaillé.
Une opération militaire pour "dénazifier" l’Ukraine
Le 24 février, Vladimir Poutine a annoncé sa décision d’engager une opération militaire spéciale pour défendre les Républiques du Donbass. L’occupation des territoires ukrainiens n’est pas à l’ordre du jour.
Le lendemain, il a précisé que l’opération visait "à dénazifier" et "à démilitariser" l’Ukraine.
Le ministère russe de la Défense a fait savoir que l’opération ne présentait pas de menace pour les civils et ne ciblait que des infrastructures militaires.