Bruno Le Maire a été invité ce 23 février à évaluer la situation suite à la reconnaissance par la Russie des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, face à Philippe Corbé sur BFM TV et RMC.
Si l’Élysée pointe dans le discours de Vladimir Poutine sur les annonces d’indépendance "des considérations rigides et paranoïaques", le ministre de l’Économie ne partage pas l’utilisation de ces termes.
"D’abord c’est un mot que je n’ai jamais entendu dans la bouche du Président de la République", assure-t-il, avant d’insister: "Je ne reprends pas ce mot".
Puis Philippe Corbé renchérit sur "la santé mentale du dirigeant russe", demandant à M.Le Maire s’il a un "doute", qui s’agace:
"On n’est pas là pour juger la santé mentale de qui que ce soit. Vous savez, j’ai rencontré Vladimir Poutine pour la première fois avec Jacques Chirac il y a maintenant 20 ans, en 2002, à un sommet de l’Otan. J’ai eu des occasions innombrables de rencontrer le Président Poutine et avec d’autres Présidents de la République".
"Affirmation de la nation russe"
À la question de savoir si le chef de l’État russe "n’a pas changé", le ministre français avance que "la constante de la politique de Vladimir Poutine, c’est l’affirmation de la nation russe. Quand c’est pour les intérêts russes, très bien".
Et de poursuivre: "Quand c’est au détriment des autres nations et en particulier de la nation ukrainienne, ou de quelque autre nation que ce soit en Europe, nous devons faire savoir à Vladimir Poutine de manière la plus claire – comme nous le faisons aujourd’hui – que nous ne supporterons aucune atteinte à l’intégrité d’aucun territoire".
Interrogé également quant au choix du vocabulaire concernant la situation dans le Donbass, le ministre de l’Économie est formel: il n’emploierait pas le mot "invasion", comme le fait Joe Biden, puisqu’il faut savoir "peser les mots" et qu’à son avis, ce n'est "pas un mot approprié".
Sanctions "beaucoup plus pénalisantes"
Refusant une nouvelle fois de "juger la psychologie de Vladimir Poutine", Bruno le Maire s’est penché sur la question des sanctions antirusses.
"Je suis un responsable politique qui doit prendre des décisions et qui dit de manière très claire ce matin que le comportement politique de Vladimir Poutine porte atteinte à l’intégrité d’un territoire qui est territoire ukrainien, que cela appelle des sanctions."
"Nous avons en réserve des sanctions beaucoup plus pénalisantes si Vladimir Poutine persiste à violer le droit", promet-il.
"Le premier paquet de sanctions est un paquet de sanctions sérieux, qui va faire mal pour ceux qui vont les subir [...]. Les sanctions, elles doivent s'appliquer, elles seront fermes et douloureuses dans le premier paquet, et ensuite, il y aura d'autres paquets", a déclaré Jean-Yves Le Drian pendant une conférence de presse conjointe à Berlin avec son homologue allemande, Annalena Baerbock.
Débattu le 22 février par les pays de l'Union européenne, le premier lot de sanctions antirusses doit entrer en vigueur ce 23 février avec sa publication au Journal officiel de l'UE. Plus tôt, l’Allemagne avait suspendu l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2, et Londres avait annoncé des sanctions économiques contre trois hommes d'affaires russes ainsi qu'à cinq banques russes.
"Il va sans dire que les sanctions à notre encontre frapperont fort les marchés énergétiques et financiers. Les États-Unis ne resteront pas à l’écart et leurs habitants ressentiront les conséquences de la hausse des prix", avait commenté l’ambassadeur russe à Washington.