Comment Louis Pasteur a sauvé la vie de Russes avec son vaccin contre la rage

Louis Pasteur est entré dans l’histoire grâce au vaccin contre la rage qui a arrêté ce fléau mondial ayant frappé aussi la Russie. En son honneur, une conférence scientifique a été organisée ce mardi à Samara. Dans une interview à Sputnik, un historien détaille quel rôle ce vaccin a joué dans cette ville russe.
Sputnik
À l’approche du 200e anniversaire de Louis Pasteur et du 135e anniversaire de la création de la station de vaccination Pasteur à Samara, le Centre régional pour le développement de la diplomatie publique et des relations internationales Primakov a tenu ce 22 février une conférence en leur honneur à Samara, qui a accueilli plusieurs scientifiques russes et français.
Parmi ces derniers figurent Micha Roumiantzeff, expert de l'OMS, président de l'Association franco-russe culturelle et sanitaire, Alain Marchal, ancien patron du laboratoire de biologie du centre hospitalier Louis-Pasteur de Dole et président d'honneur de la Société des Amis de Pasteur, l’ethnographe Jacques de Boer, le docteur Philippe Bruneau et René Pirouard, professeur de biologie.
Les scientifiques ont fait valoir la contribution inestimable de Louis Pasteur, un brillant scientifique français, fondateur de la microbiologie, apportée dans le domaine de la biologie et de la médecine. Le principal aboutissement de sa vie est la mise au point d'un vaccin contre la rage qui était à l'époque un fléau en Russie tout comme dans le Vieux Continent et le Nouveau Monde.
La morsure d'un chien ou d'un chat enragé, et plus encore d'un loup, d'un renard et surtout d'une chauve-souris, signifiait une mort inévitable et douloureuse. Des centaines de milliers de personnes décédaient presque comme de la peste. Seules les épidémies prenaient fin à un moment donné, mais la menace de contracter la rage est restée constante.
Le microbiologiste et chimiste Louis Pasteur a mis au point son vaccin miracle presque par hasard. Personne ne savait exactement ce qui avait causé la maladie: les microscopes étaient trop faibles pour détecter le virus responsable de la maladie. Après cinq ans d'expériences sur des chiens et des lapins enragés, Pasteur a vacciné le 6 juillet 1885 Joseph Meister, neuf ans, qui est devenu le premier à ne pas mourir de la rage.

La Russie et le vaccin de Pasteur

Alors que la France n’a pas accueilli tout de suite la percée du scientifique qui a fait l’objet d’une avalanche de critiques, la mise au point de ce vaccin a donné un espoir de guérison à de nombreuses personnes en Russie.
Dans une interview à Sputnik, Yaroslav Goloubinov, doyen de la faculté d'histoire à l’université nationale de recherche de Samara, décrit "l'un des premiers cas de guérison les plus étonnants en Russie". Il concerne Dmitri Kaliabine, un garçon de trois ans originaire de Samara, qui avait été mordu par un chien enragé.

"Avec l'argent de mécènes locaux, ce garçon accompagné des deux docteurs Vladimir Khardine et Vladimir Parchinski a pu se rendre à Paris pour voir le docteur Pasteur et suivre un traitement avant de rentrer chez lui en parfaite santé", note l’historien qui qualifie cette guérison de "victoire miraculeuse de la médecine".

Un point de vaccination Pasteur en Russie

De retour à Samara, les médecins ont souhaité fonder un poste de vaccination locale qui pourrait traiter les personnes atteintes de rage selon la méthode de Pasteur. Ce point de vaccination, baptisé station de vaccination Pasteur, a vu le jour le 2 juillet 1886.

"Samara est ainsi devenue la deuxième ville en Russie et la troisième au monde, après le laboratoire de Pasteur lui-même et la station de vaccination à Odessa, ouverte un mois plus tôt, qui abritait une institution médicale capable d’effectuer un tel traitement", note Yaroslav Goloubinov.

Il ajoute que cette station de vaccination Pasteur à Samara a existé pendant très longtemps. Dans les premières années du pouvoir soviétique, elle a intégré une institution médicale plus grande, à savoir l'hôpital Pirogov et a été ensuite transformée en institut.

"Cette station a donc vécu jusqu'à nos jours sous la forme d’un des départements de l'université médicale d'État de Samara", précise-t-il.

La station de vaccination Pasteur de Samara a joué un rôle important dans la reconnaissance de l’efficacité de ce vaccin, car l’un des fondateurs de cette station, Vladimir Parchenski, correspondait régulièrement avec le docteur Pasteur. Il a consulté le scientifique au sujet de la concentration de "venin" de la rage dans le vaccin et a envoyé des rapports sur son traitement. Les bons résultats des médecins russes ont aidé Pasteur à gagner une bataille contre les critiques et inscrire son nom dans l’histoire de l’immunologie.
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