Didier Raoult dans la tourmente après un rapport accablant de l’ANSM

Un rapport de l’ANSM sur l’IHU de Marseille dirigé par le professeur Didier Raoult met en lumière de nombreux dysfonctionnements, notamment des essais illégaux et la production de faux documents, selon Mediapart.
Sputnik
Une quinzaine de dysfonctionnements, dont plus de la moitié "critiques" et "totalement inacceptables". Tel est le bilan d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) concernant l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, sous la direction du professeur Didier Raoult. Terminé depuis le 19 janvier, il n’a été mis en lumière par Mediapart qu’un mois plus tard.
L’ANSM a mené son inspection du 18 au 26 novembre 2021 après des révélations de L’Express en juillet puis de Mediapart en octobre sur des pratiques douteuses lors d’une étude contre la tuberculose. Entre 2017 et 2021, l’IHU aurait prescrit à plusieurs patients des médicaments inefficaces, voire toxiques, provoquant des complications chez certains. Celles-ci n’avaient pas ailleurs pas été rapportées par l’antenne marseillaise de l’ANSM.
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De plus, d’autres essais ont été réalisés au cours de ces années "en dehors du cadre légal", indique le média d’investigation. Concernant une étude sur des bactéries résistantes aux antibiotiques, l’IHU a fourni à l’ANSM des documents provenant du comité d’éthique interne de l’IHU avec la mention "avis favorable", avant que les inspecteurs ne tombent sur le document original qui ne le mentionne pas, mais le soumettent à l’avis du comité de protection des personnes. L’IHU est donc soupçonnée d’avoir cherché à cacher ces pratiques en produisant de faux documents.
Enfin, un autre essai sur la gastroentérite mené en 2013 sur près de 3.000 mineurs n’avait pas reçu les autorisations obligatoires réclamées par l’ANSM. Pour près de 30 d’entre eux, aucun formulaire de consentement n’avait été signé, soit une potentielle infraction au code de la santé publique, passible de poursuites pénales. L’AP-HM, promoteur de l’essai, a justifié qu’il était non interventionnel, alors que la salive et les selles des patients étaient prélevées.

Falsifications

En novembre dernier, des membres de l’IHU avaient déjà dénoncé auprès de Mediapart des pressions exercées par le professeur Raoult, les poussant à fausser les résultats de leur étude sur l’hydroxychloroquine afin d’en démontrer l’efficacité. "Il n’y a pas de véritable science derrière les publications de l’IHU depuis des années", avait même assuré l’un d’eux.
À noter que l’enquête du journaliste de L’Express sur l’ensemble de ces manquements dans les études et publications de l’IHU avaient été portées à la connaissance de la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, laquelle a décidé de classer l’affaire sans suite. Selon elle, les éléments avaient été "insuffisamment constitués".
Didier Raoult n’a pas réagi à la publication de ces conclusions du rapport de l’ANSM. Début décembre, il s’était vu infliger un blâme de l’Ordre des médecins pour la promotion de l’hydroxychloroquine. Quant à l’AP-HM, également partiellement mise en cause pour manque de vigilance, a souhaité "réserver ses réponses à l’ANSM durant cette phase de rapport préliminaire". Les conclusions définitives devraient paraître au mois de mars.
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