Arrivera-t-on enfin à déterminer l’origine du Covid-19? Des chercheurs français de l’institut Pasteur ont publié dans la revue scientifique Nature le 16 février une étude dans laquelle ils ont étudié 645 chauves-souris vivant dans des grottes du Laos. Ils ont fini par y découvrir trois types de coronavirus très proches de celui qui nous est familier depuis deux ans, dont l’un des plus similaires jamais analysé.
De plus, les virus analysés sont contagieux pour l’homme comme le SARS-CoV-2. C’est la première fois qu’une telle caractéristique a été observée sur des coronavirus présents dans des chauves-souris en Asie.
Quelles sont leurs caractéristiques?
Ces trois virus ont un domaine appelé RBD (Receptor Binding Domain), situé sur la protéine Spike, qui permet de se lier aux cellules humaines. Sur les 17 acides aminés fonctionnellement importants de ce domaine, il n’y en a qu’un ou deux qui diffèrent de ceux du SARS-CoV-2. Les scientifiques ont démontré leur capacité à entrer dans les cellules humaines et à se multiplier.
Cependant, l’étude a montré l’absence de clivage de la furine, qui permet au Covid-19 de pénétrer dans les cellules respiratoires de l’homme et qui provoque la forte contagiosité du virus. Marc Eloit, qui a dirigé cette étude, a affirmé à L’Express que d'autres virus "proches" pourraient aussi représenter un risque pour la santé humaine.
Le débat autour de l’origine du virus n’est pas clos
Si cette thèse permet de faire avancer les connaissances autour de l’origine du Covid-19, elle n’explique pas pour autant comment le virus a pu se manifester à Wuhan, en Chine, alors que les chauves-souris étudiées proviennent du sud de la Chine, du nord du Laos et du Vietnam.
Des hypothèses avancées affirment que le Covid-19 aurait pu circuler discrètement chez l’homme avant de muter et d'acquérir une faculté de contamination ou encore qu’il serait le premier coronavirus connu à avoir acquis cette caractéristique. Cela lui aurait permis d’être plus facilement transmissible de l’animal à l’homme. Quant au célèbre pangolin qui avait été pointé du doigt au début de la pandémie, il ne serait qu’une victime collatérale, infectée par des chauves-souris. Selon le virologue à l’origine de l’étude, il ne serait qu’un intermédiaire entre la chauve-souris et l’homme.
"Le pangolin a pu apparaître comme un creuset, car on a trouvé chez cet animal des coronavirus avec un RBD au plus proche de SARS-CoV-2. Avec les virus que l’on a trouvés, le pangolin n’apparaît plus comme un intermédiaire possible. Mais plus probablement une victime collatérale, infectée par des chauves-souris."
Quid de la Chine?
La Chine ne semble pas jusqu’ici disposée à ce qu’une enquête soit diligentée sur son territoire. En mai 2021, le Président Joe Biden avait demandé un compte-rendu sous 90 jours sur les origines de l'épidémie de coronavirus. En mars 2021, une première investigation menée conjointement par Pékin et l’OMS avait affirmé que le coronavirus présent chez les chauves-souris et transmis à l’homme via un animal intermédiaire est le "scénario le plus probable. Quant à l’hypothèse d’un virus échappé d’un laboratoire, celle-ci l’avait considérée "improbable".
En août 2021, la Chine a mis son veto à une nouvelle enquête de l’OMS sur son territoire. Elle considérait que les conclusions apportées lors des premières investigations par l’OMS étaient suffisantes et qu’il n’y avait pas lieu de procéder à davantage de recherches. En outre, Pékin considérait par l’intermédiaire du vice-ministre des Affaires étrangères Ma Zhaoxu que cette démarche était avant tout politique.