Logement, énergie, transports: ce sont les dépenses que les Français qui souffrent ne peuvent pas substituer. On les appelle "dépenses pré-engagées". Or celles-ci "ont explosé entre les années cinquante et aujourd’hui, comme le montre l’Insee", souligne Florence Jany-Catrice, professeur d’économie à l’université de Lille. Au micro de Russeurope Express, elle explique pourquoi l’inflation est aussi douloureuse pour les couches défavorisées de la société. "Les dépenses contraintes ne représentent aujourd’hui que 20% des dépenses des plus riches, alors qu’elles s’élèvent à 60% des dépenses des plus pauvres", poursuit-elle, citant les données de la DREES.
Spécialiste de la statistique publique, Florence Jany-Catrice note donc que les inégalités sociales qui se sont développées dans les dernières décennies rendent plus difficile la lecture de l’indicateur de l’inflation, puisqu’il est par définition une moyenne.
"Pour les catégories les plus pauvres, tout effet d’inflation est ainsi vécu comme beaucoup plus important sur leur pouvoir d’achat que chez les riches, qui de toute façon épargnent une bonne partie de ce qu’ils ont."
Cette expérience différente de l’inflation n’est pas qu’une simple impression, insiste l’autrice de L’Indice des prix à la consommation (La Découverte, 2019): "Ce n’est pas juste une perception, c’est une réalité".
Florence Jany-Catrice estime donc que l’indicateur de l’inflation n’est pas faux en soi, mais que c’est l’usage qui en est fait qui doit être questionné. En 2021, l’inflation a atteint 7% aux États-Unis et 5% dans la zone euro.
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