L’analyse de l’état de l’économie russe frappée de sanctions depuis 2014 permet de conclure que Moscou est suffisamment prémuni contre des mesures punitives supplémentaires, lesquelles pourraient d’ailleurs ricocher sur l’Europe, constate le Wall Street Journal (WSJ).
Ces mesures supplémentaires sont prévues en cas d’invasion de l’Ukraine dans le projet de loi DASKA (Defending American Security from Kremlin Aggression Act) adopté fin décembre dernier par la commission sénatoriale des relations étrangères. Un de ses auteurs, le sénateur Lindsey Graham, l’a décrit comme un "projet de loi de sanctions infernales".
"L'UE dépend de la Russie pour plus d'un tiers de ses importations de gaz naturel. En janvier, les États-Unis et l'Europe n'envisageaient pas directement de sanctions contre les exportations russes de pétrole et de gaz naturel, craignant que cela n'augmente les coûts énergétiques déjà élevés en Europe. Cependant, le Président Biden a déclaré qu'il envisagerait de bloquer le lancement du gazoduc Nord Stream 2 qui devrait livrer du gaz russe à l'Allemagne", signale le quotidien.
La Russie a, en plus, diversifié ses livraisons de gaz et a élargi ses liens dans ce domaine avec la Chine.
Une dette faible et d’importantes réserves d’or
Une autre démarche incontournable qui permet de résister aux sanctions est la réduction de la dette russe par rapport à celles des autres pays, plus particulièrement des États-Unis et de leurs alliés européens, grâce à une politique budgétaire conservatrice. Dans le même temps, le pays a sensiblement augmenté ses réserves de change.
"La Russie a utilisé les revenus du pétrole et du gaz pour constituer son stock d'or et de devises étrangères depuis la crise ukrainienne de 2014. Moscou pourrait les utiliser pour aider à soutenir le rouble, si les sanctions provoquent l'effondrement de la monnaie, ou pour aider à couvrir les dépenses du gouvernement", indique le WSJ.
Tout porte à croire que l’économie russe a suffisamment d’atouts pour faire face à de nouvelles sanctions dont l’effet est incertain.
"Bon nombre des sanctions promulguées après 2014 étaient plus ciblées, visant des individus ou des entités. Alors que les sanctions nouvellement proposées ont une plus grande portée, Moscou a également eu le temps de réorganiser son économie, la rendant plus résistante aux mesures punitives, de sorte que l'efficacité ultime des sanctions reste incertaine", a résumé le journal.
Un bouclier contre les sanctions
La capacité du pays à résister aux sanctions a été confirmée mercredi par le ministre russe des Finances Anton Silouanov.
Selon lui, la Russie a "un bouclier financier" suffisant sous la forme de réserves d’or et de devises, un excédent budgétaire et une faible dette.
Le fait que les sanctions éventuelles soient à double tranchant a été confirmé par la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen qui a déclaré vouloir que "cela pèse surtout sur la Russie".
Néanmoins, elle a reconnu que ces sanctions auraient "aussi des répercussions mondiales".
Alors que de nouvelles sanctions sans précédent sont promises à la Russie par les États-Unis en cas d’invasion de l’Ukraine, le ministre ukrainien de la Défense qualifie de très faible la probabilité d’une escalade d’envergure.