Les syndicats s’inquiètent d’"un niveau de dangerosité inadmissible" sur les chantiers des JO

Le besoin d’une meilleure sécurité sur les chantiers des Jeux olympiques de Paris refait surface après qu’en janvier seulement un ouvrier a été grièvement blessé et un autre a perdu la vie. La CGT redoute que les sites liés aux JO soient le théâtre de drames réguliers, selon Le Parisien.
Sputnik
La sécurité des ouvriers construisant les sites olympiques des futurs Jeux de Paris suscite l’inquiétude des syndicats, relate Le Parisien le 16 février.
Au seul mois de janvier, un ouvrier s’est fait écraser les jambes et un bras par un camion sur le site du futur village olympique. Un autre a perdu la vie à la future gare Saint-Denis-Pleyel.
"Les mesures de sécurité, surtout à l’extérieur, sont à revoir", a confié au Parisien un ouvrier travaillant depuis deux mois sur le site du village olympique.

Les salariés exposés à une dangerosité inadmissible

L’administrateur de la CGT-Construction Jean-Pascal François redoute que les chantiers olympiques soient le théâtre de drames réguliers.
"Les salariés du bâtiment et des travaux publics sont en proie à un niveau de dangerosité dans l’exercice de leur métier inadmissible", dénonce la CGT.
Près de 8.000 personnes construisent actuellement des infrastructures des JO, dont un millier travaille sur le village olympique, selon la Solideo, la société de livraison des ouvrages olympiques.
Cette dernière tente cependant de rassurer, affirmant que "le sujet de la santé, de la sécurité et des conditions de travail est au cœur de nos préoccupations".

Un dérapage du calendrier et la sous-traitance pointés

Ce à quoi certains ouvriers lui donnent raison. L’un d’entre eux a confié au quotidien se sentir en sécurité pour la première fois en dix ans de travail à Paris.
Les syndicalistes restent cependant inquiets en lien notamment avec "un dérapage du calendrier et donc des conditions de travail".
"Plus on est contraint par le temps, plus les risques d’accident sont élevés. Sauf qu’on ne peut rien contrôler, car on nous en interdit l’accès pour des soi-disant questions de sécurité", estime Jean-Pascal François.
La Solideo rétorque que des visites pourraient commencer dès le mois de mars.
Selon Le Parisien, la sous-traitance est aux yeux du syndicaliste un autre problème générant des dangers.
"Dans le bâtiment, la sous-traitance peut atteindre jusqu’à huit ou neuf niveaux. Or plus on la limite, plus on limite les risques d’accident, car les grandes entreprises ont, il faut l’avouer, des contrôles plus stricts", explique le militant, selon lequel des incidents, encore limités, s’accumulent depuis le début de l’année.

Ne pas oublier l’exemple du Qatar

Le problème est d’autant plus sensible si l’on se souvient des chiffres des ouvriers morts en dix ans pour la construction des stades de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
L’année dernière, le Guardian les a estimés à 6.500.
L’indignation de Jean-Luc Mélenchon était telle qu’il a déclaré qu’"un Français n’a rien à foutre là-bas" et qu’"on ne peut pas jouer au foot sur les cadavres".
Les autorités qataries ont fermement démenti l’information. Sans nier les 6.500 décès dans les communautés indienne, népalaise, pakistanaise, bangladaise et sri lankaise (d’où sont originaires l’immense majorité du gros million d’ouvriers au Qatar) sur la période, elles ont réfuté qu’ils soient directement liés aux chantiers, toutes les morts (maladies, causes naturelles…) étant comptabilisées.
Elles n’ont reconnu, depuis 2014 et le début de la construction des stades, que 3 morts dans des accidents du travail et 35 "connexes".
Dans un rapport publié fin novembre dernier, l’Organisation internationale du travail (OIT) a indiqué qu’une analyse approfondie du nombre de décès et blessures liés au travail au Qatar avait montré que 50 travailleurs ont perdu la vie en 2020 et qu’un peu plus de 500 ont été gravement blessés.
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