Le Président ukrainien s'attaque aux accords de Minsk, pourtant signés par son pays

Volodymyr Zelensky qualifie les Accords de Minsk de "non professionnels" et serait prêt à trouver d’autres formats pour résoudre le problème du Donbass. La déclaration a été faite sur fond de multiples appels adressés à Kiev à respecter ce document endossé par l’Onu.
Sputnik
Dès le moment de leur signature, les Accords de Minsk ont placé Kiev dans la position perdante, estime le Président ukrainien actuel, Volodymyr Zelensky, dans une interview à l’agence RBK-Ukraine parue ce jeudi 17 février.
"Le document [les Accords de Minsk, ndlr] a été établi de manière non professionnelle! Il a été établi de façon à ce que nous nous retrouvions dans une position faible, perdante", selon le chef d’État ukrainien.
Il estime que ces Accords sont difficiles à comprendre comme à interpréter.
"On nous dit tout le temps qu’il faut suivre le +Minsk+ [les Accords de Minsk, ndlr]. Mais là [dans le document, ndlr], il s’agit de désoccuper le Donbass. Cela ne résout pas toutes nos questions. Là, il est dit que le Donbass est occupé et qu’il nous faut le réintégrer dans l’Ukraine. Et toutes les parties prenantes sont d’accord, mais se pose la question de comment il faut le faire. Ce document –les Accords de Minsk– n’est pas lié aux troupes russes à la frontière. Il n’est pas lié à la question de la Crimée", détaille M.Zelensky.
Pour faire avancer la situation, les autorités ukrainiennes seraient prêtes à trouver un autre format "réalisable".
Et d’ajouter que Kiev continue de refuser le dialogue direct avec les républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk.
"Cela n’a pas de sens. Elles [les autorités de Donetsk et Lougansk, ndlr] ne décident rien. À quoi bon perdre du temps ?", lance le chef d'Etat.
Il omet de dire que ces accords ont été signés par l'Ukraine, qui s'est engagée à les respecter. C'était d'ailleurs l'un des objectifs de la visite d'Emmanuel Macron à Kiev: rappeler à l'Ukraine ses obligations.

Garanties de sécurité pour l’Ukraine

Dans le même temps, il appelle les partenaires occidentaux à offrir à Kiev un système de garanties de sécurité semblables à celles dont profitent les pays membres de l’Otan.
"Pour nous, il y a là [dans l’Otan, ndlr] une position de +porte ouverte+. Mais il y a une longue distance sur cette route –des mois voire des années, surtout s’il y a une escalade. Au fur et à mesure que nous avançons dans cette voie, nous devons obtenir un système de garanties. Et au moins théoriquement, il ne devrait pas être moins solide que le système offert aux pays de l’Otan", déclare-t-il.
Selon M.Zelensky, un tel système de garanties de sécurité est pour le moment "la seule alternative à la situation actuelle" pour l’Ukraine.

Aucun progrès depuis 2015

La crise ukrainienne a été ce jeudi 17 février le sujet principal d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu.
Dans son discours, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a encore une fois alerté sur le fait que l’Ukraine ne faisait rien pour mettre en œuvre le dernier paquet de mesures en vue de l’application des Accords de Minsk approuvé par la résolution onusienne 2202 il y a exactement sept ans, le 17 février 2015.
"La racine du problème est la réticence systématique de Kiev à engager un dialogue direct avec les représentants plénipotentiaires de Donetsk et de Lougansk au sein du Groupe de contact tripartite. Ceci en dépit du fait qu’un tel dialogue est expressément prévu par les points 4, 9, 11 et 12 du présent document", a lancé le vice-ministre russe.
Et d’ajouter que, depuis 2015, les autorités ukrainiennes n’ont réalisé pleinement aucune mesure de ces accords.
Lors de sa visite à Kiev le 8 février, Emmanuel Macron a appelé à la "mise en œuvre, résolue, méthodique, des Accords de Minsk dans le cadre du format Normandie".

Moscou ne prévoit pas d’attaquer l’Ukraine

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a également pris la parole à cette même réunion du Conseil de sécurité de l’Onu.
Selon lui, la Russie cherche toujours un motif pour attaquer l’Ukraine, mais les États-Unis ne savent pas exactement quel pourrait être le contexte de ces actions agressives de Moscou.
M.Blinken a d’ailleurs supposé que l’invasion russe pourrait ne pas se produire, et dans ce cas-là Washington "recevra ce fait avec soulagement" et serait prêt à "toutes les critiques de n’importe qui".
De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a publié ce 17 février le deuxième courrier de la Russie adressé aux États-Unis, dans le cadre de l’échange diplomatique sur les garanties de sécurité réciproques initié par Moscou fin 2021.
Dans ce message, une fois de plus, Moscou dément toute intention d’"envahir" l’Ukraine et considère les déclarations sur la responsabilité russe dans l’escalade autour de ce pays comme une tentative de faire pression sur Moscou et de dévaloriser les propositions russes sur les garanties de sécurité.
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