Ce que l’on sait sur le suicide du maire de Rezé, victime d'un corbeau

Le maire de la commune de Rezé, en Loire-Atlantique, s’est donné la mort le 11 février. Une tragédie qui intervient après que l’édile et son entourage ont reçu plusieurs courriers anonymes malveillants. Une enquête pour "harcèlement moral" a été ouverte.
Sputnik
Le 11 février au matin, le corps sans vie d’Hervé Neau, maire de la commune de Rezé, près de Nantes, a été découvert dans son bureau. Âgé de 58 ans, il était marié et père de deux enfants.
Le même jour, le procureur de la République, Renaud Gaudeul, a affirmé que le suicide par pendaison ne faisait aucun doute, car M.Neau "a laissé des lettres pour ses proches, et des instructions pour ses obsèques". En outre, une autopsie effectuée le 14 février a permis de confirmer la thèse du suicide qui avait été "largement privilégiée" dès le début.
"Au regard des premiers éléments réunis tout au long de la journée de vendredi", Renaud Gaudeul a donc "estimé nécessaire d’ouvrir dès samedi une enquête du chef de harcèlement moral".
L’enquête a été confiée à la direction territoriale de la police judiciaire de Nantes. Or, à ce stade, le procureur s’est dit ne pas être en mesure de "pouvoir communiquer […] sur le contenu de cette enquête".
"(Elle) devrait permettre de disposer d’éléments plus précis de nature à mieux comprendre ce passage à l’acte", indique-t-il.

Courriers malveillants

Toujours selon la même source, le chef de cabinet du maire avait signalé au parquet qu’Hervé Neau et "plusieurs membres de son entourage" avaient reçu il n’y a pas longtemps des courriers malveillants "relatifs pour l’essentiel à sa vie privée et pouvant être considérés comme diffamatoires".
"Il a alors été indiqué que le maire pouvait naturellement déposer plainte pour ces faits et qu'il pouvait bénéficier du dispositif de suivi renforcé des plaintes mis en place au parquet de Nantes", a précisé le procureur. L’édile ne l’a pas fait.

La commune en état de choc

Élu en 2020 au poste de maire, Hervé Neau effectuait son premier mandat dans cette commune de 42.000 habitants. Antérieurement, il était enseignant, ainsi que directeur de l’école publique élémentaire du Chêne Creux. Il avait également présidé l’Amicale de Pont Rousseau.
Au soir du 11 février, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant la mairie. Son portrait a été déployé sur la façade, il a été décrit comme un "homme intègre, drôle et humaniste", d’après son adjoint, qui ajoute qu’on le disait "proche des agents de la Ville".
"Terrible et bouleversante nouvelle. Hervé Neau était un maire engagé et exemplaire. Je pense à ses proches, et aussi à toute l'équipe municipale et aux agents de Rezé", a commenté le député écologiste du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin.
Des élus l’ont à l’unisson qualifié d’"homme sincère, dévoué et engagé".

"La forte pression" sur de nombreux maires

Christiane Taubira, à qui Hervé Neau avait récemment porté son parrainage, a dit un mot sur la tragédie:
"Hommage à Hervé Neau, maire de Rézé, qui vient de nous quitter. Je pense fortement à lui, à son épouse, à ses enfants. Mes pensées vont aussi aux Rezéennes et Rezéens que cette disparition brutale bouleverse."
L’association des maires de France (AMF), présidée par David Lisnard, a également regretté la disparition de M.Neau, pointant dans un communiqué "la forte pression que subissent au quotidien de nombreux maires".
Suite au drame, une cellule psychologique pour les agents et élus municipaux a été mise en place par la mairie.
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