Affaire Valieva

"Stratégie pour discréditer le sport russe": d'où vient le refus de remettre les médailles aux JO?

Malgré l’autorisation à continuer à participer aux JO accordée à Kamila Valieva, le CIO refusera de remettre les médailles si elle gagne la prochaine compétition individuelle. Dans une interview à Sputnik, Andreï Ouvarov, expert en patinage russe, y voit une tentative de compromettre le sport russe.
Sputnik
Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a autorisé ce 14 février la jeune patineuse russe Kamila Valieva, accusée de dopage au plus fort des Jeux olympiques de Pékin, à poursuivre sa participation. Pourtant, dans un communiqué publié ce lundi, le Comité international olympique (CIO) annonce son intention de ne pas organiser de cérémonies de remise des médailles si l’athlète russe occupe le podium de la compétition individuelle de patinage artistique féminin qui débute demain, mardi 15 février.

"Les actions du CIO ne sont ni aléatoires ni impulsives. Il y a une stratégie pour discréditer le sport russe. Kamila Valieva est une cible attrayante à tous égards. L'assommer signifie jeter une ombre et, s’ils ont de la chance, détruire le personnel d’entraînement remarquable d'Eteri Tutberidze", estime Andreï Ouvarov, membre de la présidence de la Fédération de patinage artistique de Moscou et du musée du patinage artistique Ice Olympus dans une interview à Sputnik.

Il ajoute que les sept heures d’audition à huis clos, à laquelle Kamila était censée assister, visaient à "couper l’herbe sous le pied de la patineuse dont la carrière sportive s'effondre rapidement sous les yeux du monde entier".

"L’autorisation à concourir n'est pas une victoire comme beaucoup de gens l'interprètent, mais une petite concession. Et puis cela entraîne des conditions plus humiliantes les unes après les autres: sans médaille, sans cérémonie, en vue de sanctions éventuelles", poursuit-il.

En effet, dans son communiqué, l’instance olympique souligne que le TAS s’est prononcé seulement sur la suspension et non sur la violation des règles antidopage, ce qui peut prendre encore plusieurs mois. Donc le CIO juge "inappropriée" cette cérémonie "dans un souci d'équité envers tous les athlètes et les CNO (Comités nationaux olympiques) concernés".
Face à cette situation au centre de laquelle s’est retrouvée Kamila Valieva, le spécialiste exprime tout son soutien à la jeune athlète.

"Ces moments ne s'oublient pas, il est très difficile de redevenir une "Girl on the Ball", aussi légère, ouverte, joyeuse, quand on a connu une avalanche de mensonges, de jalousie et de colère", déplore-t-il.

Affaire Valieva

L’affaire impliquant la patineuse russe de 15 ans a débuté juste après sa victoire à l’épreuve par équipe le 7 février. Elle avait alors réussi un quadruple saut lors de son programme, performance jusque-là jamais réalisée par une femme aux JO.
Le lendemain, l’Agence internationale de contrôle (ITA) a informé du test anti-dopage positif de l’athlète effectué le 25 décembre, donc bien avant les JO, alors que le délai prévu pour annoncer un résultat positif ne doit pas dépasser 20 jours. De la trimétazidine, substance généralement utilisée pour soigner les angines de poitrine, a été détecté dans son sang bien que tous les tests effectués avant et après cette date étaient négatifs.
Le jour même, sur décision de l’Agence antidopage russe RUSADA, l’athlète a été suspendu des compétitions. Après avoir fait appel, la patineuse russe a été autorisée à s’entraîner de nouveau. Le Comité international olympique (CIO), l’Agence mondiale antidopage (AMA) et l’Union internationale de patinage (UIP) ont protesté contre la levée de la suspension, et ont fait appel à leur tour.
L'Agence américaine antidopage (USADA) a même menacé de poursuivre la jeune patineuse en justice en vertu du Rodchenkov Act qui permet à la justice américaine de poursuivre toute personne, quelle que soit sa nationalité, impliquée dans un système international de dopage.
Le Tribunal arbitral du sport s’est finalement rangé du côté de la jeune patineuse russe, indiquant qu’elle est une "personne protégée" en vertu du Code mondial antidopage (CMAD), qu'empêcher l'athlète de concourir aux Jeux olympiques "lui causerait un préjudice irréparable dans ces circonstances", et dénonçant "de graves problèmes de notification intempestive des résultats du contrôle antidopage de l’athlète", alors que "cette notification tardive n’était pas de sa faute".
De nombreux responsables et experts pointent le caractère "politisé" et "pensé" de cette affaire. Selon eux, si le test était réellement positif, l’annonce de son résultat aurait été sciemment retardée et communiquée après la première victoire de l’équipe russe de patinage artistique. Un scandale qui aurait visé à la priver de médailles.
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