La cérémonie, non inscrite dans l’agenda, s’est déroulée discrètement le 9 février à l’Élysée. Emmanuel Macron a promu la patronne de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde commandeur de l’ordre national du Mérite, rapporte Le Figaro dimanche 13 février. Une récompense attribuée au nom de "sa contribution à la valorisation de l’image de la France" à l’international.
Or, lors d’une récente rencontre entre le chef de l’État et Nicolas Sarkozy, ce dernier lui a soufflé le nom de Mme Lagarde pour succéder à Jean Castex en cas de réélection en avril prochain, avait révélé Les Échos. Avant de diriger la BCE, elle avait passé huit ans à la tête du Fonds monétaire international, et avant cela avait été sa ministre de l’Économie.
Emmanuel Macron et Christine Lagarde ont régulièrement échangé depuis la crise sanitaire, notamment à propos du plan de relance européen de 750 milliards d’euros. Toutefois, cette dernière dément toute volonté de revenir dans le giron national pour la suite de sa carrière.
"J'ai un métier, j'ai une fonction. Je suis à Francfort jusqu'en 2027. Je n'ai pas pour habitude d'abandonner en cours de route, donc... Il y a d'autres gens tellement plus compétents pour faire le job, donc je vais essayer de me concentrer sur ce que j'ai à faire", avait-elle assuré sur France Inter en janvier.
L’entourage du Président ne la voit d’ailleurs "en aucun cas" Première ministre. "Ça ne veut rien dire ce que dit l'ancien Président. On s'en fiche", a commenté un ministre sur BFM TV. Lors de sa campagne de 2017, Emmanuel Macron avait exprimé la volonté "que ce soit aussi une femme" à Matignon, ce qui serait une première depuis Édith Cresson, en 1991-1992. Il a finalement opté pour deux hommes.
Soutien de Sarkozy
Le fait que Nicolas Sarkozy glisse un nom pour un poste si important jette encore davantage le doute sur le candidat qu’il soutiendra publiquement avant le scrutin. L’ancien Président a rencontré Valérie Pécresse le 11 février pour une "conversation entre amis", "franche et affectueuse" selon la candidate, mais sans que celui-ci ne soutienne officiellement sa candidature.
Interrogé la semaine dernière par Le Figaro, M. Sarkozy ne semblait pas emballé par la campagne de celle qui est censée incarner son ancien parti.
"Valérie part dans tous les sens. Déjà, si, dans une campagne, tu arrives à imprimer une ou deux idées, c’est un miracle! Il faut marteler en permanence. En 2007, on parlait de Sarko matin, midi et soir. Mais là, qui parle de Valérie Pécresse? Elle est inexistante", commentait-il.
En attendant, il souhaiterait "rester le point de référence pour pouvoir négocier avec Macron avant les législatives", a confié dans la foulée un de ses proches au Point. L’ancien Président serait persuadé qu’Emmanuel Macron ne pourrait cette fois obtenir de majorité à l’Assemblée nationale en cas d’élection en 2022, et devra ainsi trouver des accords avec la droite.
Plusieurs sarkozystes ont déjà franchi le pas en affichant publiquement leur soutien à l’actuel Président, pourtant non officiellement candidat: l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy Éric Woerth, la maire de Calais Natacha Bouchart, ou encore l’ancienne secrétaire d’État Nora Berra.