L’article "Le départ en sourdine des musulmans de France" du New York Times fait déjà son effet depuis sa publication, en français, dimanche 13 février. Il a notamment été partagé par Edwy Plenel, Benoît Hamon, Pascal Boniface ou encore Marwan Muhammad, ancien directeur du CCIF, dissous en 2020. Le quotidien livre le témoignage de cinq Français musulmans qui se sont établis à l’étranger, dont l’ancienne secrétaire d’État Rama Yade, évoquant un environnement hostile pour eux dans l’Hexagone.
Le quotidien américain indique qu’un changement d’opinion générale à l’égard des Français musulmans s’est fait sentir depuis les attentats de 2015, des tensions encore marquées actuellement dans la campagne présidentielle avec un fort accent sur l’immigration. "Les Français musulmans, 10% de la population selon les estimations, occupent une place étrangement disproportionnée dans la campagne — même si leurs voix se font peu entendre", indique l’article.
Ainsi, une proportion croissante de musulmans compterait parmi les Français qui vont chercher "plus de dynamisme et d’opportunité" ailleurs. Le New York Times suggère toutefois que pour les musulmans, la raison évoquée est davantage liée au racisme qu’au confort financier. Pour cela, il se base sur une enquête menée à l’Université de Lille lancée en avril 2021 et pas encore publiée.
"La France se tire une grosse balle dans le pied", y affirme le chercheur du CNRS et initiateur de l’étude Olivier Esteves.
Dans une note publiée en avril 2021, celui-ci admet que le phénomène n’a pas encore été étudié aussi bien de manière quantitative que qualitative. Une étude similaire a été lancée en Belgique et aux Pays-Bas, mais est également toujours en cours.
Actes antimusulmans
Début février, l’association SOS racisme a dénoncé le discours "porté par Éric Zemmour et compagnie" qui d’après lui a donné lieu à des actes contre les musulmans à Toulouse et à Agen. Le candidat a contribué à "la libération de la parole raciste" et à la diffusion de la théorie du "grand remplacement", ce qui engendre une "montée en puissance d'un sentiment anti-arabe et antimusulman dans notre pays".
Selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur, les actes antireligieux ont diminué de 17% entre 2019 et 2021. Si les actes antichrétiens et antisémites ont baissé respectivement de 25 et 15%, ceux contre les musulmans ont augmenté de 32% sur la même période. Ces derniers restent toutefois moins nombreux: 171 actes enregistrés en 2021, contre 523 contre les juifs et 686 contre les chrétiens.