Emmanuel Macron s’est retrouvé en bout d’une imposante table de quatre mètres de long, en face de Vladimir Poutine au Kremlin, suite à son refus de faire un test PCR, ont expliqué des sources de l’Élysée à Reuters. Le but: éviter que les Russes accaparent son ADN, précise l’une d’elles. Au-delà du surréalisme de cette inquiétude, c'est une explication qui ne tient pas debout compte tenu des multiples façons beaucoup plus simples de le laisser.
"On savait très bien que ça voulait dire pas de poignée de main et cette longue table. Mais on ne pouvait pas accepter qu'ils récupèrent l'ADN du Président", a expliqué l’Élysée auprès de l’agence d’information.
Ce conseiller de la présidence française semble ignorer le fait pourtant évident à chacun que l’ADN peut être retrouvé partout, notamment sur un verre usagé, un cheveu égaré ou dans les toilettes.
Aussi, se pose la question des raisons de cette peur du conseiller à l’idée que Moscou dispose de l’ADN d’Emmanuel Macron. Craint-il que les Russes puissent ainsi le cloner en douce? Mais dans quel but? Former et déployer une armée de clones de Macron en Ukraine? Ou alors pour révéler les particularités de son génome et s’en servir pour faire du chantage, menaçant de révéler ses "secrets"? Le conseiller aurait-il récemment revu Stars Wars: l'attaque des clones, et pris à cœur la menace représentée par l'Empire?
Réfléchissant dans cette "logique", il est possible de suggérer que de nombreux chefs d’État qui se sont rendus au Kremlin depuis le début de la pandémie et se sont soumis au test russe, contrairement au Président français qui a bravement protégé son ADN, risquent de voir bientôt leurs clones mis au point, apparemment, dans les sous-sols du KGB (quand bien même ce dernier n'existe plus depuis 30 ans).
Uniquement pour Macron?
Le chef de l'État français avait été informé à l’avance de ce protocole sanitaire et a ensuite pris la décision de ne pas se faire tester au Kremlin, poursuit la deuxième source auprès de Reuters. Par ailleurs, il avait passé un test PCR français avant le départ et un test antigénique effectué par son propre médecin une fois en Russie.
Vladimir Poutine a pourtant déjà rencontré beaucoup de personnalités politiques autour de cette table depuis du début de l’année. Parmi elles figurent le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le Président iranien Ebrahim Raïssi.
Interrogée sur cette question, la présidence russe a déclaré faire preuve de compréhension envers les dirigeants ne voulant pas effectuer les tests PCR de leur hôte.
"Nous le comprenons, c’est une pratique normale dans le monde. Par contre, nous appliquons dans ce cas-là le protocole de mesures supplémentaires pour protéger notre Président et nos invités. Il s’agit d'une grande distanciation", a expliqué ce 11 février Dmitri Peskov, le porte-parole du Président Poutine.
Il a également confirmé qu’Emmanuel Macron avait refusé de se faire tester par des médecins russes.
Le porte-parole du Kremlin avait initialement justifié ce format de la rencontre Poutine-Macron par des mesures "exclusivement épidémiologiques", auprès du média russe "Pod’om" [La levée, en russe]. Il avait également mis en valeur le 4 février le fait qu’un certain nombre de personnes parmi les membres des délégations des rencontres bilatérales puissent être positives.
Entre-temps, cette longue table a été largement commentée sur les réseaux sociaux, ainsi que par certains médias occidentaux spéculant sur ses éventuels messages diplomatiques.
Jugé comme très strict par la partie française, ce protocole sanitaire n’a cependant rien de particulier. Par exemple, les participants du sommet du G7 qui s’est tenu en juin 2021 au Royaume-Uni ont dû présenter un test PCR négatif à leur arrivée sur le territoire britannique, puis réaliser un test PCR et un test antigénique à leur arrivée sur le site et effectuer un test antigénique tous les matins. La présidence française n'avait rien eu à y redire à l'époque. Malgré tous les dépistages réguliers, il n’était possible d’enlever son masque qu’en extérieur.
Résultats de la rencontre
Consacrées à la crise ukrainienne, les négociations entre les dirigeants russe et français ont eu lieu le 7 février et ont duré plus de cinq heures. Vladimir Poutine a réaffirmé la nécessité de faire respecter les accords de Minsk par l’Ukraine, même si certains points ne l’arrangent pas. De son côté, Emmanuel Macron s’est prononcé pour la mise en place de nouveaux mécanismes afin d’assurer la stabilité en Europe sans remettre en cause ceux qui existent.
La question des garanties de sécurité a également été évoquée. Le Président russe a fait valoir le risque d’une guerre Russie-Otan en cas d’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance. En l’occurrence, Kiev, qui ne reconnaît pas la réunification de la Crimée avec la Russie et admet le retour de la péninsule par des moyens militaires, pourrait tenter de déclencher une confrontation militaire avec Moscou, tout en s’appuyant sur l’Alliance, a suggéré M.Poutine.
Pareil scénario donnerait lieu à une guerre entre la Russie et l’Otan, et il est raisonnable de se poser dès maintenant la question de savoir si les peuples russe et français veulent ce conflit militaire, a conclu le Président russe.
Le lendemain, le chef de l’État français s’est déplacé à Kiev pour rencontrer le Président Zelensky afin de plaider de nouveau pour le dialogue et la désescalade. Il a également annoncé une réunion de conseillers au format Normandie le 10 février à Berlin. Après celle-ci, le chef adjoint de l’administration du Président russe, Dmitri Kozak, a déclaré que les pourparlers des conseillers ayant duré neuf heures n’ont pas apporté de résultats significatifs.