Un an après la reprise des négociations indirectes entre Washington et Téhéran pour un retour à l’accord sur le nucléaire iranien, les deux diplomaties seraient finalement parvenues à une entente sur l’essentiel. Mais dans cette affaire, la prudence reste de mise.
Après sept cycles de négociations, l’accord est "prêt", indiquent à Sputnik des sources au sein de la communauté d’affaires iranienne. Il serait même "paraphé". Les détails du texte restent pour l’heure confidentiels, mais celui-ci consisterait en un document principal complété de trois annexes portant sur le nucléaire, les sanctions et le calendrier, nous ont confirmé des sources viennoises proches de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
"Le document final est rédigé"
Depuis plusieurs semaines, l’idée d’une potentielle avancée décisive à Vienne se fait de plus en plus pressante. Ainsi, la diplomatie américaine expliquait le 8 février qu’un accord était "en vue". Le lendemain, une autre source diplomatique haut placée à Washington indiquait que même si "rien avec l’Iran n’est jamais une ligne droite", les négociations arrivaient "à un moment décisif. Nous sommes véritablement dans la toute dernière ligne droite".
Même son de cloche côté russe: l’ambassadeur Mikhail Ulyanov, négociateur en chef de la Russie à Vienne, affirmait le 8 janvier que les négociations viennoises sur le nucléaire iranien en étaient à leur étape "finale". Et ce dernier d’ajouter que "le document final est rédigé". "nous devons encore résoudre un certain nombre de problèmes, y compris des problèmes plutôt fondamentaux", précisait-il toutefois.
En effet, selon nos informations, deux freins principaux empêchent encore la finalisation et la signature de l’accord: les sanctions portant sur les dirigeants iraniens en personne et un calendrier qui reste encore à valider.
Publiquement, l’Iran reste campé sur sa position d’une levée totale des sanctions sur le pays, ses entreprises ou les personnes physiques. Une demande à laquelle les États-Unis ne sont, pour l’heure, officiellement, pas prêts à consentir. En juin dernier, le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, affirmait ainsi au Sénat que "des centaines de sanctions resteront en place", "Même en cas de retour au respect du traité de 2015, y compris des sanctions imposées par l’administration Trump".
En décembre 2021, un officiel iranien admettait que cette exigence américaine était le frein principal à l’accord.
La signature d’un texte de cette importance serait un succès diplomatique aussi bien à Washington qu’à Téhéran. Trouver le bon calendrier d’annonce est ainsi primordial pour ces deux acteurs. Pour l’Iran notamment, parvenir à un accord et une levée consécutive des sanctions serait une bouffée d’air frais. L’actuel gouvernement fait l’objet de critiques de la part de sa population en raison de la situation économique difficile du pays. Ainsi, les sources contactées par Sputnik tablent-elles sur l’annonce d’une signature avant le 20 mars, jour de la fête de Norouz, le Nouvel An iranien ou persan.
À ces questions de calendrier s’ajoutent des demandes de garanties iraniennes sur le respect du traité. Les Iraniens veulent être sûrs que l’arrivée en 2025 à la Maison-Blanche d’une nouvelle administration, potentiellement hostile à l’accord, ne les mettra pas de nouveau en danger, comme l’avait fait Donald Trump en se retirant unilatéralement du précédent en 2018.
Autant d’obstacles qui faisaient dire ce 10 février au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qu’il "reste encore beaucoup à faire avant que l’accord sur le nucléaire iranien puisse être relancé". Prudent, le chef de la diplomatie russe sait qu’un document qui n’est pas signé n’a pas plus de valeur qu’une promesse.