Entre les appels des opposants impatients et les attentes de ses proches, Emmanuel Macron préfère maintenir un faux mystère quant à l’officialisation de sa candidature à la présidentielle. Le 8 février, en route pour Kiev après sa visite à Moscou, il a eu recours à l’ironie pour parler de ce sujet.
Après avoir tiré le bilan de ses échanges de presque six heures avec Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a été interrogé quant à sa participation au scrutin, comme le raconte BFM TV.
"Il va falloir y songer à un moment", a-t-il répondu, le sourire aux lèvres.
Ses séjours en Russie et en Ukraine ayant principalement pour but de contribuer au règlement de la crise ukrainienne, le Président sortant a expliqué le retard de l’annonce de sa candidature par le poids du dossier en question.
"Là, sur cette question, il y a une tension forte, suffisamment forte [...]. Il ne faut pas faire de choses intempestives, il faut les faire au bon moment", a fait valoir le locataire de l’Élysée.
Comme le précise Paris Match, il a également précisé que la situation internationale lui prenait "la moitié du temps, voire l’essentiel, ces derniers jours."
"Déjà entré dans le match"
La même idée a été avancée ce 8 février par le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, lequel a assuré sur France 2 qu’Emmanuel Macron "consacrer[ait] toute son énergie à sa responsabilité de Président de la République française, élu, qui fait son mandat jusqu'au mois d’avril".
Et d’ajouter:
"Je crois qu'il est prêt, en terme de niveau, d'engagement international et d'énergie, et je crois d'idées et de projet pour la France."
Il y a quelques jours, selon l’AFP, un proche de M.Macron a également évoqué le dossier ukrainien en parlant du retardement de l’annonce tant attendue:
"Tant qu'il y a un sujet international, c’est compliqué de lancer la candidature."
"Mais émotionnellement, il est déjà entré dans le match", a raconté un autre proche du Président, relate Le Parisien. "Il rebondit sur les chiffres, sur la polémique de la semaine. Logement, pouvoir d’achat, croissance… il se fait son propre porte-parole avec des données précises qu’il veut nous voir relayer."
"Qu’il ose plonger dans le grand bain"
Or, l’entourage de M.Macron a avancé la semaine dernière une "fenêtre de tir entre les 10 et 20 février" pour l’officialisation, un délai qui pourrait être encore repoussé.
Parallèlement, ses opposants l’incitent à se porter candidat et à "descendre dans l’arène", pour reprendre les propos du président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella.
"Il est temps […] qu’il ose plonger dans le grand bain", a pour sa part estimé le 6 février Anne Hidalgo. "La Constitution n'a pas prévu qu'un Président qui soit absorbé par sa tâche passe l'épreuve à côté, ça n'existe pas."
En observant l’Histoire, les Présidents sortants qui ont souhaité briguer un second mandat se sont portés candidats à 69 jours de la présidentielle, comme Jacques Chirac en 2002, et à seulement 33 jours pour François Mitterrand en 1988.