Face à l’augmentation du nombre d’agressions commises à l’encontre des élus, le RAID vient leur prêter main forte. C’est à Marseille qu’ils ont enseigné, lors d’ateliers, des techniques pour désamorcer des situations de tension avec leurs administrés, relate La Provence.
Une vingtaine d’élus venus du Var, du Vaucluse, mais aussi des quartiers Nord étaient réunis dans la cité phocéenne pour une journée particulière avec le RAID. Certains participants ont déjà eu l’occasion de croiser l’unité dans d’autres circonstances, comme Michel Thuillier, adjoint au maire d’Ollioules, dans le Var.
"Chez nous, c’est arrivé deux fois en trois ans."
Cet atelier a pour but de leur donner des clés pour éviter des situations d’escalade avec des administrés contrariés par des refus de permis de construire, des problèmes d’emploi ou de logement.
Lionel Royer-Perreaut, maire des IXe et Xe arrondissements de Marseille, a constaté que la société est plus tendue. Cela se manifeste, selon lui, par un sentiment de frustration qui est moins contrôlé et le simple fait de dire non peut entraîner des réactions violentes.
"Nous sommes de plus en plus confrontés à un public agressif, il faut donc avoir les bons réflexes, tant pour se protéger soi-même que pour aider à la désescalade."
Si en zone gendarmerie le GIGN initie déjà les élus des communes à des méthodes telles que l’écoute active, les biais cognitifs et les attitudes à adopter en cas de conflit, le RAID en zone police cherche également à obtenir les mêmes résultats.
Franck, négociateur du RAID, a insisté auprès de La Provence sur l’importance de l’écoute de l’administré afin de s’assurer que l’on a bien compris sa situation. Conscient qu’il s’agit d’une formation théorique pour les élus, il rappelle l’intérêt d’un tel atelier.
"Il y a toujours un écart entre la théorie et la pratique, mais c’est une sorte de boîte à outils pour gérer les situations de crise".
Cependant, les membres du RAID ont tenu à préciser au quotidien régional qu’un maire n’est pas un négociateur.
"C’est une fausse bonne idée. Dans la crise, le maire est un chef d’orchestre, pas Van Loc qui tape à la porte sans arme pour proposer au type d’aller boire un coup pour discuter."
Des techniques déjà dispensées par le passé
Le 13 juillet 2021, des élus de Bourg-les-Valence, dans la Drôme, ont suivi des formations dispensées par des policiers locaux, rapporte Le Dauphiné libéré. Ceux-ci ont suivi une formation auprès des négociateurs du RAID.
Les membres de l’unité d’élite ont été sollicités par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin afin d’élaborer une formation destinée aux élus pour leur permettre de mieux gérer les situations de conflits.
Le 18 novembre lors du Congrès des maires de France, le RAID était présent pour prodiguer des conseils. L’adjoint au chef de l’unité avait assuré que les bonnes pratiques transmises étaient valables aussi bien dans les quartiers sensibles que dans des villages reculés à la campagne.
Le dispositif lancé en début d’année 2021 avait en novembre permis de former 13.000 élus à travers toute la France. Le ministère a complété ces formations par le dispositif Ubiquity, qui permet de recueillir les plaintes des élus n’importe où sur le territoire à travers des terminaux connectés. 10.000 appareils sont déployés dans les brigades de gendarmerie du pays.
Des agressions en hausse
Sur RTL le 11 janvier 2022, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré que ce phénomène est en augmentation exponentielle. Il a indiqué que plus de 300 dépôts de plainte pour "menace de mort" ont été déposées sur les six derniers mois par des élus, tandis que 15 personnes ont été interpellées pour ces faits sur la même période.
Le ministre a précisé qu’une grande quantité de plaintes déposées sont liées aux antivax, mais que des menaces adressées sont en lien avec l’islam radical et des choses "de tout ordre".
Dans les 11 premiers mois de l’année 2021, 1.186 élus ont été pris pour cible dont 162 parlementaires. 605 maires et adjoints ont été victimes d’agressions physiques, soit une hausse de 47% par rapport à 2020. Enfin, 419 outrages ont été recensés au cours de cette période. Un chiffre en augmentation de 30% par rapport à l’année précédente.