Les transfuges du Rassemblement national vers Zemmour sont-ils en train de faire effet? Dans le sondage Ipsos-Sopra Steria pour Le Parisien/Aujourd’hui en France et Franceinfo publié le 5 février, Marine Le Pen et le candidat de Reconquête ont un score identique, 14% des intentions de vote, en raison d’une baisse de trois points de la première et d’une progression de deux points du second par rapport au mois de janvier.
"Par ses réactions aux différents débauchages au profit de Zemmour, Marine Le Pen a confessé une part de vulnérabilité, ce qui n’est pas un très bon affichage, elle évitait cela auparavant", analyse pour Le Parisien Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France.
"Ce ne sont pas non plus des personnalités connues, elles n'apportent pas d'éléments de compétence à Éric Zemmour", tempère sur Franceinfo Mathieu Gallard, directeur d'études au département affaires publiques chez Ipsos.
Face à cette rivalité des droites radicales, Valérie Pécresse progresse légèrement à 16,5% (+0,5 point) pour venir se rapprocher un peu plus d’Emmanuel Macron (24%), qui perd 1,5 point. Dans l’hypothèse d’un second tour Macron-Pécresse, le Président l’emporterai à 53% contre 47, bénéficiant d’une bonne partie de l’électorat d’Anne Hidalgo, de Christiane Taubira et de Yannick Jadot, tandis que la candidate des Républicains prendrait un tiers de l’électorat de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour.
La gauche faible, pas d’effet primaire populaire
La gauche est quant à elle toujours aussi loin du second tour, avec Jean-Luc Mélenchon qui reste à 9%, Yannick Jadot qui se positionne juste derrière (8%, +1 point en un mois), tandis qu’Anne Hidalgo, Christiane Taubira et Fabien Roussel sont tous en dessous des 5%. "Même si un candidat de gauche connaît une dynamique dans les prochaines semaines, il sera difficile que la gauche remporte cette présidentielle", estime Mathieu Gallard.
À noter que l’enquête a été réalisée après la victoire de Christiane Taubira à la primaire populaire, mais cela ne semble pas avoir créé de dynamique notable pour la candidate, laquelle passe de 3 à 4% en un mois. Toujours sans programme officiel, elle a éprouvé des difficultés à présenter ses mesures sur le logement lors du grand oral organisé dans la foulée par la Fondation Abbé Pierre.
Duel de meetings
Ces intentions de vote ne tiennent pas compte du duel de meetings qui s’est réalisé samedi entre Éric Zemmour et Marine Le Pen. À Lille, le candidat de Reconquête a parlé de pouvoir d’achat et a promis de mettre fin à "l’assistanat", tandis qu’à Reims, celle du RN a davantage ciblé Emmanuel Macron, déterminée à briser "le cycle du défaitisme" et à mettre fin à l’"appauvrissement des Français". Valérie Pécresse tiendra son premier grand meeting à Paris le 13 février, espérant une nouvelle envolée dans les sondages après sa percée de décembre engendrée par sa victoire au congrès LR.
Emmanuel Macron, dont la candidature ne fait aucun doute, n’a pourtant toujours pas fait d’annonce en ce sens, alors que les 500 parrainages d’élus lui sont déjà acquis. Toujours dans l’enquête d’Ipsos-Sopra Steria, 51% des personnes interrogées estiment qu’il doit "l’annoncer dès maintenant" par souci d’équité vis-à-vis des autres candidats, et 61% pensent qu’il doit participer aux débats du premier tour, ce à quoi il se refuse pour l’instant.
Le sondage a été réalisé du 1er au 3 février sur un échantillon de 1.535 personnes inscrites sur les listes électorales et représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. La marge d’erreur est estimée entre 0,7 et 2,5 points.