Encore un jour peu glorieux pour notre démocratie. Les députés français ont tranché: Julian Assange ne peut pas compter sur le soutien de la France, 31 élus ayant voté contre et seulement 17 pour.
Fin octobre, une soixantaine de députés, toutes familles politiques confondues, avaient déposé une proposition de résolution visant à accorder l’asile à Julian Assange. Détenu actuellement dans la prison londonienne de Belmarsh, le fondateur de WikiLeaks est poursuivi par les autorités outre-Atlantique pour ses révélations sur les crimes de l’État américain.
Jennifer de Temmerman, députée du Nord, membre du groupe Libertés et Territoires, avait rappelé lors d’une conférence de presse le 1er février dernier que Julian Assange avait déjà fait l’objet d’une demande d’asile en France. Mais celle-ci n’avait pas eu de suite, notamment parce qu’il ne se trouvait pas sur le territoire français.
C’est pour cette raison que la deuxième disposition du projet de résolution suggère la mise en place d’un mécanisme qui permettrait aux lanceurs d’alerte de demander l’asile depuis l’étranger, a déclaré la députée.
Malgré le vote négatif, Mme de Temmerman assure "être heureuse" que son groupe politique lui ait "permis d’aller jusqu’au bout de cette aventure".
"Le fond de ce qu’on a fait et de notre démarche c’est dire à Julian Assange "on est là, il y a des gens qui vous soutiennent, qui reconnaissent l’importance de ce que vous avez fait pour la France et qui continuent le combat"", explique au micro de Sputnik Jennifer de Temmerman.
Seuls 50 des 577 députés de l’Assemblée nationale ont pris part au vote sur le sort d’Assange. Il en faut plus pour décourager les signataires de la proposition de résolution. "Ce soir, ce n’est qu’un début!", a précisé l’élue.
"Le combat va continuer sous d’autres formes. Peut-être à la prison Belmarsh, si la situation sanitaire le permet. Dans quelques mois, on va changer de mandature et d’autres collègues vont reprendre le flambeau et avancer sur cette question", assure-t-elle.
D’après la députée, "soulever le débat" aujourd’hui permet de faire évoluer les esprits envers un combat qui "ne se gagne pas du jour au lendemain".
"Le vote de ce soir en dit beaucoup sur "qui vous êtes", "qui vous défendez", "quelle est votre morale". Mais même à travers les propos tenus par les collègues de majorité [opposés à la proposition, ndlr], on voit qu’au fond de leur âme on les a tourmentés", souligne la députée du Nord.
Les députés à l’origine de l’initiative comptent également saisir le Conseil de l’Europe afin d’organiser des consultations sur la mise en place d’une convention spéciale. Celle-ci visera à garantir la protection des droits des lanceurs d’alerte et le droit de leur accorder l’asile politique.
Selon Mme de Temmerman, les signataires du texte souhaitent profiter de la présidence française de l’Union européenne en cours pour faire de ce sujet une priorité.
"On va pouvoir solliciter des parlementaires dans d’autres États de l’UE pour leur dire: faites comme nous et faites évoluer les mentalités!", conclut Jennifer de Temmerman