Macron aurait dépensé 120.000 euros d’argent public en dîners mondains en 2016

Emmanuel Macron
Entre 2014 et 2016, Emmanuel Macron a utilisé son logement de fonction de ministre pour inviter des artistes lors de dîners mondains afin de se constituer un réseau. D’après "Complément d’enquête", au moins 120.000 euros de frais de représentation y sont passés en huit mois.
Sputnik
Emmanuel Macron a-t-il, lorsqu’il était ministre de l’Économie, utilisé les moyens que lui offrait sa fonction pour préparer sa campagne présidentielle de 2017? L’émission "Complément d’enquête" diffusée jeudi 3 février sur France 2 s’est intéressée aux "dîners de Bercy" qui se sont déroulés entre 2014 et 2016 dans le logement de fonction du futur Président, au bord de la Seine.
Le couple Macron y a reçu pendant ces deux années plusieurs personnalités du monde de la culture, notamment les acteurs Fabrice Lucchini et Pierre Arditi, l’actrice Line Renaud ou encore le présentateur Stéphane Bern. Malgré le fait que le lien entre ces personnes et le ministère de l’Économie ne soit pas évident, M.Macron avait fait usage des frais de représentation qui lui sont alloués pour organiser ces dîners mondains, lui permettant d’étoffer son carnet d’adresses.
Si le coût total de ces soirées n’est pas connu, les dépenses pour la seule année 2016 s’élèveraient à 120.000 euros, jusqu’à la démission de M.Macron au moins d’août, d’après les chiffres révélés par Frédéric Says et Marion L’Hour dans leur livre "Dans l’enfer de Bercy". Interrogé à l’époque sur ces dépenses, Emmanuel Macron avait assuré qu’elles étaient totalement légales, un ministre étant autorisé à utiliser ces crédits pour "recevoir des entrepreneurs, des femmes et des hommes de la vie française".

Zone grise

Pour Christian Eckert, ex-secrétaire d’État chargé du Budget, "Bercy et les moyens logistiques d'un ministre de Bercy ont à l'évidence servi, en partie, de piste d'envol pour le candidat Macron". Ces dîners auraient fait partie d’un plan pour étoffer l’influence de celui qui s’est lancé dans la course à l’Élysée à peine quelques mois après sa démission du ministère. Une stratégie "relativement réfléchie, du côté du couple Macron comme des communicants de l'époque de Macron", assure le journaliste Marc Endeweld, auteur de plusieurs enquêtes sur le chef de l’État. Pour lui, ces dépenses de l’ex-ministre relèvent de la "zone grise".

Candidature

L’actuel Président, qui tarde à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2022 alors que ses 500 parrainages sont déjà rassemblés, multiplie les déplacements officiels. Autant de visites sur le compte de l’Élysée mais dénoncées par les autres candidats comme des frais de campagne dissimulés.
Il "fait campagne avec les moyens de l'État, ce qui n'est pas acceptable. On n'est pas loin du détournement de fonds publics", a dénoncé le président des Républicains Christian Jacob.
À ce titre, la commission des comptes de campagne a été saisie le 11 janvier.
Sa visite dans les Alpes-Maritimes le 10 janvier, où il a posé la première pierre d’un commissariat à Nice, a été boycottée par le député Éric Ciotti, soutien de Valérie Pécresse. Lors d’une autre visite controversée le 25 janvier en Haute-Vienne, il a formulé des promesses concernant le service public. Rebelote mercredi 2 février dans le Pas-de-Calais, où il était censé rendre hommage aux victimes de l’accident de Liévin où 42 mineurs ont perdu la vie en 1974, pour annoncer ensuite des investissements dans la région.
Crédité de 24 à 25% des intentions de vote selon les instituts de sondage, Emmanuel Macron a indiqué à La Voix du Nord que sa candidature officielle viendrait après "la phase aiguë de l’épidémie" de Covid-19. Souhaitant souligner la présidence française de l’Union européenne, il veut également tenter d’apaiser les tensions entre la Russie et l’Occident. Pour ce faire, il vient d’annoncer un déplacement à Moscou le 7 février puis à Kiev le lendemain.
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