Covid-19

Covid-19: un patient immunodéprimé vit "entre espoir, résignation et douches froides"

Si la pandémie donne des premiers signes de fléchissement, pas question de baisser la garde pour les personnes immunodéprimées. Un employé de Colissimo atteint de mucoviscidose partage son quotidien avec Sputnik.
Sputnik
"Les oubliés de la pandémie". C’est le sentiment qui habite les milliers d’immunodéprimés au moment où l’on fait tomber les masques à l’extérieur et où Olivier Véran laisse entrevoir une possible fin du port en intérieur.
Début janvier, six présidents d’associations représentant les personnes immunodéprimées se sont adressés à Emmanuel Macron. Les leaders de Vaincre la mucoviscidose, Ellye, Transhépate,
France Rein, SOS Hépatites et Renaloo ont exhorté le Président à tout faire pour "protéger les plus fragiles". À la suite de cette intervention, le gouvernement a mis en place une distribution gratuite de masques FFP2 à ces personnes. Mais Frédéric Baudrillard, 47 ans, atteint de mucoviscidose, demeure inquiet.
"On commence à assister à la levée des mesures sanitaires. C’est une bonne chose pour la population globale parce qu’on en a tous un peu marre. Mais pour nous, cela n’a pas changé grand-chose: je continue à porter le masque à l’extérieur. J’espère qu’un beau jour, je vais pouvoir l’enlever", explique Frédéric Baudrillard.
La pandémie est loin d’être terminée pour ce quadragénaire transplanté du poumon depuis six ans et qui, "depuis deux ans, vit en pointillé". "On oscille entre espoir, résignation et douches froides", assure-t-il.

Entre traitements et vaccination

Comme tout le monde, Frédéric Baudrillard a subi les confinements successifs. Sauf qu’au fil du temps, avec une meilleure connaissance du virus, il lui a fallu se rendre à l’évidence: les immunodéprimés font partie des catégories de population les plus fragiles.
"Pour nous, la vaccination a été un espoir de sortir de cette crise. Mais si elle fonctionne bien sur les gens ‘normaux’, les études ont vite démontré qu’elle était moins efficace sur nous. Du coup, on reste toujours un public extrêmement sensible face aux différents variants qui arrivent", précise-t-il.
La tribune signée par les présidents d’association pointait du doigt l’insuffisance de traitements précoces. Car si Frédéric Baudrillard a eu "des anticorps contre le Delta qui l’ont bien protégé", il reste encore démuni face à Omicron.
Il existe une thérapie par anticorps monoclonaux contre ce dernier variant, Evusheld (tixagévimab/cilgavimab, fabriqué par AstraZeneca), mais celle-ci est "donnée au compte-gouttes".
"On est environ 230.000 patients. La semaine dernière, il y a eu près de 6.000 injections. Quelques amis ont pu avoir leur dose, moi, je n’ai pas été encore contacté. Il est fort possible qu’ils privilégient dans un premier temps des personnes qui n’ont pas été protégées du tout", relativise notre interlocuteur.
Il admet toutefois qu’il est difficile de traiter 230.000 patients dans un délai assez court. "Je serais cependant beaucoup plus rassuré et serein si je pouvais avoir cette thérapie qui protège contre le variant sur une période de six mois. Pour l’instant, ce n’est pas encore le cas", confie Frédéric Baudrillard.
Au nom des 300.000 immunodéprimés français, elle demande qu’on "les prenne en compte"
Le célibataire habitant en Seine-et-Marne se montre néanmoins heureux "d’avoir du travail". Il a un regard compatissant envers ses frères dans le malheur, "sans activité professionnelle", toujours enfermés de peur d’être exposés au danger de la contamination.

Un soutien de l’employeur

Pour assurer sa vie au quotidien, Frédéric Baudrillard ressort un petit peu, mais il va dans des lieux plutôt tranquilles et évite de rencontrer du monde dans des espaces restreints. À côté de cette nécessité de rester encore à l’écart en "se protégeant plus que les autres", ce responsable de production sur une plateforme du Colissimo jouit d’un soutien total de son employeur.
"J’ai toujours été transparent sur mon état de santé vis-à-vis mes différents chefs de service. Et je n’ai aucun problème à me mettre en télétravail quand c’est nécessaire. Avec la vague Omicron, on m’a dit que le plus important était que je me protège", assure Frédéric Baudrillard.
Ayant besoin de se préserver beaucoup plus que la population générale, l’employé de Colissimo souligne que son entreprise le "protège au maximum, au-delà des mesures mises en place".
L’appréhension ne quitte pourtant pas notre interlocuteur au moment où la population abandonne le masque. Cela signifie pour cet immunodéprimé une barrière de défense qui tombe. Par conséquent, il "va se prémunir plus qu’en temps normal". "Sur mon lieu du travail, je suis passé des masques chirurgicaux aux masques FFP2", précise Frédéric Baudrillard.
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