Le festival de San Remo, très suivi par les Italiens chaque année, est au centre d’une polémique. La chanson Domenica (en français "Dimanche") de l’artiste Achille Lauro restera dans les annales. Lors de sa performance, celui-ci, torse nu, s’est caressé l’entrejambe au milieu d’un chœur gospel avant de s’avancer sur scène pour s'agenouiller, les mains jointes devant lui comme à la prière et a versé l'eau d'un bol sur son front.
Un numéro qui aurait pu en rester là, mais Antonio Suetta, évêque de San Remo, n’a guère apprécié le spectacle. Dans un communiqué, il a dénoncé "des mots, des attitudes et des gestes qui ne sont pas seulement offensants pour la religion, mais pour la dignité humaine".
Si M.Suetta envisageait de fermer les yeux sur cette prestation afin de ne pas donner plus d’attention à l'artiste, c’est la retransmission du show sur la Rai, la télévision publique italienne qui l’a particulièrement scandalisé.
Si M.Suetta envisageait de fermer les yeux sur cette prestation afin de ne pas donner plus d’attention à l'artiste, c’est la retransmission du show sur la Rai, la télévision publique italienne qui l’a particulièrement scandalisé.
"La performance douloureuse du chanteur a une fois de plus moqué et profané les signes sacrés de la foi catholique, évoquant le geste du Baptême dans un contexte insipide et profanateur" […] "Je crois qu'il est nécessaire de dénoncer la manière dont le service public ne peut pas et ne doit pas autoriser ce genre de situations, dans l'espoir que quelqu'un intervienne à un niveau institutionnel".
Cela a également attiré l’attention du Vatican. L’Osservatore Romano, publié par le service d’information du Saint-Siège, a fustigé à travers son rédacteur en chef Andrea Monda un spectacle pseudo-transgressif.
"Il n'y a jamais eu dans l'Histoire de message aussi transgressif que celui de l'Évangile. […] Les transgresseurs d'aujourd'hui n'ont pas le même charme que ceux d'autrefois."
Un sketch sur les non-vaccinés qui fait scandale
Outre la performance d’Achille Lauro, le festival de San Remo a été marqué par une seconde fausse note. Le comédien Rosario Fiorello a tourné en dérision les non-vaccinés dans un sketch dans lequel il se présente le bras pris de convulsions avant d’expliquer que c’est à cause du vaccin et de la micropuce qui y est intégrée.
Fabrizio Nusca, chef du comité Libera Scelta qui organise les manifestations contre le pass vaccinal, a déploré auprès de l’agence de presse Adnkronos la prestation du comique.
"Certains choix sont libres et réfléchis et doivent être acceptés et respectés. Au lieu de cela, ils font le contraire, ils ajoutent de l'huile sur le feu. C'est inacceptable." […] "Ceux qui ont librement choisi de ne pas se faire vacciner l'ont fait consciemment et dans le respect de la Constitution."
Pour Marco Liccione, leader des anti-vaccins de Turin, il s’agit d’une clownerie en direct sur une chaîne nationale financée également par les opposants au vaccin.
"Concernant Fiorello, c’est une pitrerie faite sur un réseau national payé par ceux dont il s’est moqué. Heureusement, la majorité des 50 autres millions d’Italiens n’a pas vu San Remo. À ce rythme, qu’ils déduisent la redevance audiovisuelle de la facture d’électricité. Nous sommes fatigués de ces moqueries."
Le cas David Bowie
L’Osservatore Romano a rappelé qu’avant Achille Lauro, David Bowie avait exécuté le même geste en 1992 à Wembley lors d’un concert en hommage à Freddy Mercury.
Celui-ci s’était mis à genoux à la fin de sa chanson et avait entonné le Notre Père.
Le chanteur avait expliqué pourquoi dans une interview en 1993 au magazine britannique Arena.
"J'ai décidé de le faire environ cinq minutes avant de monter sur scène. Coco Schwab, (assistant personnel de longue date de Bowie) et moi avions un ami qui s'appelait Craig qui était en train de mourir du SIDA. Il venait de tomber dans le coma ce jour-là. Et seulement avant que je monte sur scène, quelque chose m'a poussé à dire la prière du Seigneur. La grande ironie est qu'il est mort deux jours après le spectacle."