À moins de trois mois de l’élection présidentielle, les questions sur l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron se multiplient. Alors qu’il détient déjà un nombre record de parrainages , le chef d’État tarde en effet à se déclarer candidat à sa succession, ce qui a le don d’agacer certains observateurs.
Sur Europe 1, Michel Onfray a ainsi fustigé la valse-hésitation du Président, lui reprochant de ne pas être encore entré en lice. Une situation confortable, qui permet à Emmanuel Macron de faire malgré tout campagne avec l’argent public, a déploré le philosophe.
"Emmanuel Macron est un grand imposteur. Tout le monde sait qu’il ira, mais lui ne nous dit pas qu’il ira. Il utilise l’argent du contribuable pour faire campagne. Il distribue des milliards! La décence voudrait qu’on fasse savoir très vite et très tôt qu’on est un candidat. Mais je ne suis pas sûr que ce monsieur connaisse la décence", a ainsi déclaré Michel Onfray sur Europe 1.
L’essayiste a de nouveau dénoncé un deux poids deux mesures, rappelant notamment que le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) n’hésitait pas à sévir contre le "moindre personnage soutenant quelqu’un aux présidentielles", en période électorale.
Une logique dont Éric Zemmour avait en particulier fait les frais en septembre, puisque le CSA avait décidé de décompter son temps de parole dans les médias, alors qu’il ne s’était pas encore déclaré candidat. Une prise de position qui avait d’ailleurs précipité le départ du polémiste de CNews.
Un Président en campagne?
Michel Onfray n’est pas le premier à se demander si le chef de l’État ne joue pas sur les deux tableaux. Fin janvier, le président de LR, Christian Jacob, avait déjà affirmé qu’Emmanuel Macron n’était "pas loin du détournement de fonds publics", lui reprochant là encore de faire campagne avec les moyens de l’État.
Début janvier, ce même Christian Jacob avait d’ailleurs saisi la Commission des comptes de campagne, à propos des dépenses liées aux déplacements d'Emmanuel Macron.
Le Président de la République a aussi été accusé de flirter avec la ligne jaune dans ses derniers discours télévisés. Dans les premiers jours de novembre, il avait ainsi été attaqué pour une allocution où il semblait hésiter entre le costume de chef d’État et celui de candidat, selon certains. Jean-Luc Mélenchon et Éric Ciotti l’avaient notamment fait remarquer.
Rebelote mi-décembre, dans un discours où le chef de l’État défendait son bilan, mais qui avait été mal perçu par la majorité des Français, à en croire un sondage Odoxa. Après l’allocution, 68% d’entre eux avaient ainsi affirmé qu’Emmanuel Macron "profitait de sa fonction de Président pour faire campagne dans les médias en vue de sa réélection".
Récemment, certains indices sont cependant apparus qui donnent à penser que le chef de l'État prépare bien son entrée officielle sur le ring. Un site Internet concocté par les équipes LREM a par exemple été mis en ligne fin janvier, accompagné d’une discrète campagne d’affichage.
S’il se porte candidat, Emmanuel Macron devra composer avec les voix qui réclament un débat télévisé entre les champions avant le premier tour de la présidentielle. Une perspective qui ne semble guère le ravir.