Dès les premières heures de la matinée du 29 janvier dernier, la ville de Douala, capitale économique du Cameroun, est aux couleurs de la fête. Sur ses nombreuses routes, dont les abords ont été transformés en comptoir de commerce, des vendeurs de maillots des Lions indomptables et du drapeau national ont déjà pris place. Objectif? Capter de nombreux fans de foot en quête des gadgets du moment. Les Lions indomptables sont dans la ville depuis quelques jours pour leur premier match, hors de la ville de Yaoundé la capitale, qu’ils n’avaient pas quittée depuis le début de cette 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN). Le match de cet après-midi-là face à la Gambie (2-0) est déjà sur toutes les lèvres.
"Je gare ma moto tout à l’heure pour regarder le match. Je ne peux pas rater ça. Surtout que mon frère Vincent Aboubakar va encore marquer des buts, c’est le meilleur", lance au micro de Sputnik, Ousman N., ressortissant de la région natale du buteur camerounais et conducteur de moto-taxi à Douala.
De nombreux supporters arrivés plusieurs heures avant le match étanchent leur soif
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Le stade de Japoma célèbre les Lions
Sur l’un des boulevards principaux du quartier commercial à Akwa, Émile B., sans descendre de son véhicule, négocie le prix avec un vendeur de maillots de l’équipe nationale. Le cadre commercial et féru de football compte se rendre au stade pour ne rien manquer à l’occasion.
"J’ai regardé plusieurs matchs au stade Japoma depuis le début de la CAN et je ne pouvais rater pour rien au monde le seul match des Lions ici. J’ai déjà mon ticket et là j’achète un maillot et un drapeau pour la circonstance", confie-t-il au micro de Sputnik à trois heures de la rencontre.
Les supporters des Lions indomptables pendant le match
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Partout ailleurs dans la ville, c’est pratiquement la même euphorie. Et plusieurs heures avant la rencontre, beaucoup prennent déjà la route pour le stade Japoma, situé à la périphérie de Douala. À des centaines de mètres des différentes entrées de cette gigantesque arène de 50.000 places, de nombreuses files d’attente sont visibles. Perchés sur des bâtiments abandonnés et autres murs attenants au complexe sportif, des soldats du bataillon d’intervention rapide (BIR), force d’élite camerounaise, veillent au grain. Un hélicoptère de l’armée survole le site. Aux alentours du stade, le tout Douala sécuritaire semble représenté, pour contenir le public venu nombreux et parer à toutes éventualités. Depuis la bousculade mortelle (8 morts et 40 blessés) survenue au stade Olembé de Yaoundé, lors des 8ede finale opposant le Cameroun aux Comores (2-1), des consignes ont été données et le dispositif sécuritaire renforcé. Rien ne doit gâcher la fête.
De nombreux fans de foot regardent le match à la fan zone du parcours vita à Douala
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Tous derrière les Lions
Si au début de la compétition, l’accès au stade était conditionné par la présentation d’un carnet de vaccin contre le Covid-19 et d’un test négatif, le dispositif sanitaire a été allégé depuis peu, sans aucune forme de communication formelle, pour permettre de remplir les stades, longtemps restés vides. Pour ce match, pas moins de 36.000 personnes sont déjà installées dans les tribunes dans une ambiance surchauffée. Avant même le début de la rencontre, l’écho vrombissant des vuvuzelas et des cris stridents des supporters fait vibrer l’arène: "Quelle ambiance! On dirait que toute la ville de Douala est au stade. C’est impressionnant", lance un journaliste étranger installé à la tribune média.
Et quand surgit l’équipe nationale du Cameroun sur la pelouse, l’ambiance est à son paroxysme. Une ambiance qui ne retombera pas tout au long des 45 minutes, même si aucun but n’est inscrit. Dès le début de la seconde manche, les Lions rugissent. Si Vincent Aboubakar est attendu pour libérer les énergies, cette fois, le nouveau héros national, c’est le lyonnais Karl Toko Ekambi, auteur d’un doublé (49e , 57e) qui transporte les Lions en demi-finale de la compétition. Le stade est en transe. Une émotion qui traverse la ville comme une onde de choc et l’atteint dans le cœur.
Des fans de foot encouragent l’équipe nationale du Cameroun
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Au coup de sifflet final, les rues et terrasses des bars contiennent à peine les débordements de nombreux fans ivres de joie. À la fan zone du parcours vita, à l’autre bout de la ville et qui était également plein à craquer ce jour-là, l’heure est à la fête: "En plus nous sommes samedi, donc personne ne dort, on fera la fête jusqu’au matin pour célébrer nos héros", crie au micro de Sputnik Étienne T., une bouteille de bière à main et dansant sur une musique que crache la scène centrale dressée pour la circonstance.
Dans la ville, tout le monde compte bien profiter de cette victoire, avant la prochaine sortie des Lions indomptables, jeudi 3 février au stade Olembé de Yaoundé, face au pharaon d’Égypte. Un duel au sommet entre les deux nations les plus titrées du continent qui fait déjà l’objet de tous les pronostics dans le pays.