Entre 230.000 et 300.000 personnes sont immunodéprimées en France, soit 0,3% de la population. Cependant, elles représentent jusqu’à 30% des réanimations liées au Covid-19. Leur taux de mortalité en cas de contamination est de 15 à 20%. Et elles se sentent comme "les grands oubliés", selon une d’entre elles qui s’est confiée à 20 Minutes.
"Pour nous le confinement ne s’est jamais vraiment terminé. Je vis cloîtrée chez moi, surtout en ce moment. À 300.000 cas par jour, chaque sortie peut être mortelle", explique une jeune femme de 30 ans souffrant d’une maladie du côlon et qui s’est déjà fait injecter quatre doses de vaccin.
La vie "continue sans nous"
Selon elle, un décalage s’est produit avec le reste de la population, car au début tous étaient confinés et apeurés par le virus, tandis que maintenant les gens retrouvent peu à peu le monde d’avant et les immunodéprimés restent chez eux.
"Nous sommes les grands oubliés."
"Il ne faut pas se leurrer, parmi la hausse des décès, il y a les non-vaccinés et il y a nous, principalement. Je ne demande pas à ce que le monde s’arrête de tourner pour notre petit sort, juste qu’on nous prenne un peu en compte. Actuellement, la vie continue, mais elle continue sans nous", soupire-t-elle.
Un autre immunodéprimé âgé de 47 ans, atteint de mucoviscidose et transplanté il y a six ans, dit être coincé "dans un jour sans fin".
"C’est difficile pour nous de voir le bout du tunnel", se désespère-t-il.
Ces personnes avec une immunodépression sévère se sentent pris au piège depuis le début de la pandémie.
Des présidents d’associations lancent un appel à Macron
Pierre Foucaud, président de l’association Vaincre la mucoviscidose, une des maladies à l’origine de l’immunodépression, déplore auprès du quotidien que "les autorités sanitaires ne prennent pas assez en considération les immunodéprimés, qui restent au bord de la route".
La gravité de la situation l’a poussé, avec cinq autres présidents d’associations (Ellye, Transhépate, France Rein, SOS hépatites et Renaloo), représentants de personnes immunodéprimées, à signer un appel à Emmanuel Macron "face à l’hécatombe qui les menace".
Dans leur message publié début janvier dans le JDD, ils ont exhorté le Président de la République à "protéger les plus fragiles" car "la circulation très intense d’Omicron fait aujourd’hui peser sur elles le risque d’une surmortalité aussi lourde qu’évitable".