Vers l’implication de l'armée face à la grève des poubelles à Marseille?
3.000 tonnes de déchets abandonnées dans la ville... En pleine grève des ordures menée par le syndicat FO dans le cité phocéenne, l’adjoint au maire demande à la préfecture de réquisitionner l'armée tandis que son patron annonce qu'il mobilise "des moyens dérogatoires exceptionnels pour la santé et la sécurité de tous".
Sputnik"À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle". Voici comment la crise des poubelles à Marseille est décrite par Benoît Payan lundi soir. Le maire de la ville annonce qu'il mobilise "des moyens dérogatoires exceptionnels pour la santé et la sécurité de tous". Cette décision fait "suite aux alertes du Bataillon des marins-pompiers sur plusieurs dizaines de feux de poubelles survenus depuis ce week-end, et à l’alerte météo pour un phénomène de vents violents".
La compétence du ramassage des déchets incombe à la métropole, pas à la ville de Marseille. Benoît Payan a ainsi informé le préfet qu’il allait "déroger de façon exceptionnelle au droit des collectivités territoriales et à la répartition des compétences entre la ville et la métropole" pour "mobiliser des moyens dérogatoires extraordinaires afin de préserver la salubrité publique".
Vers le déploiement de militaires?
L'adjoint au maire de Marseille, en charge de la transition écologique, Sébastien Barles, est prêt pour sa part à des mesures drastiques.
"Le préfet est le garant de l'ordre public. Je lui demande de réquisitionner l'armée pour venir à bout des tonnes de déchets qui jonchent le sol. C'est une urgence avec le vent qui se lève. Sinon, nous allons revivre un écocide, une marée de plastique comme en octobre dernier", a-t-il tweeté.
Quand l’armée s’impliquait dans la guerre des poubelles
L'armée est intervenue à deux reprises lors des conflits de poubelles à Marseille, rappelle France Bleu.
La première fois, c’était en 1999 dans les quartiers Nord à la demande de Jean-Claude Gaudin.
En 2010, du personnel de la Légion étrangère et de la sécurité civile de Brignoles s’est chargé des montagnes de déchets.
"C'est un problème de sécurité publique, de risque sanitaire pour la population... les enfants qui passent devant, et puis surtout le risque incendie. Imaginez qu'un immeuble prenne feu avec des morts à l'intérieur!", s’était alors justifié le préfet de l'époque Michel Sappin.
Situation actuelle à Marseille
Ces dernières semaines, la situation s’est détériorée. C’est près de 3.000 tonnes d’ordures non ramassées qui se sont accumulées dans les rues de la cité phocéenne avec le risque qu’une grande part finisse à la mer.
Des riverains allument des feux dans les poubelles, n'en pouvant plus de l'odeur et des rats. Les incendies dégagent des vapeurs très toxiques.
"Nous sommes face à une crise des poubelles depuis quatre mois qui prend des proportions dangereuses: des dizaines de feux de poubelles depuis ce week-end et un mistral à plus de 100 km/h. Tous les éléments sont réunis pour nous précipiter vers un drame sécuritaire et écologique. Je suis obligé de prendre une décision unique pour notre ville, de sortir du cadre légal pour protéger les Marseillaises et les Marseillais et notre littoral", a expliqué à France Bleu le maire de la ville.
Dès ce mardi 1er février, "des camions iront dégager les poubelles là où il y a danger."
Le week-end dernier, des pompiers sont intervenus pour un feu de poubelles au pied de son immeuble aux Chartreux dans le IVe arrondissement de Marseille.
De son côté, Force ouvrière, à la pointe du mouvement, renvoie la responsabilité de l'échec des négociations à la métropole, alors qu’il s’agit de trois grèves en quatre mois. Pour les syndicalistes, certaines dispositions d'un précédent accord ne sont pas respectées.