Des trains guidés par l’intelligence artificielle? Cela sera bien réel avec une nouvelle invention faite par des scientifiques russes et expliquée à Sputnik par la directrice générale de Cognitive Pilot qui est derrière l’invention, Olga Ouskova.
Les locomotives de manœuvre sont des trains dont la tâche est la plus difficile, qu’il s’agisse de manœuvrer des véhicules isolés ou des rames complètes. Ce sont ces machines qui seront bientôt dotées du système qui utilise l'intelligence artificielle (IA) de Cognitive Rail Pilot. Il servira à guider la locomotive. Cette technologie n'est actuellement utilisée nulle part ailleurs dans le monde.
"Le système d'aide à la conduite des locomotives, basé sur les technologies d'intelligence artificielle de Cognitive Rail Pilot permet de contrôler la circulation des trains de la manière la plus sûre et la plus efficace possible, à tout moment de la journée et par tous les temps", relate Olga Ouskova.
La directrice générale de Cognitive Pilot qui est derrière l’invention, Olga Ouskova
© Photo Cognitive Pilot
Grâce à des capteurs spécialement configurés et l'IA, l’innovation est capable de détecter les obstacles sur de longues distances et de détecter avec précision les feux de signalisation et la position des flèches.
Le système d'aide à la conduite des locomotives, basé sur les technologies d'intelligence artificielle de Cognitive Rail Pilot
© Photo Cognitive Pilot / Cognitive Pilot
Sur ces images, l’entreprise illustre comment l’IA voit les rails devant elle et comment elle estime s’il y a un danger et comprend si le chemin est "vert" ou "rouge" pour des manœuvres.
Le système d'aide à la conduite des locomotives, basé sur les technologies d'intelligence artificielle de Cognitive Rail Pilot
© Photo Cognitive Pilot / Cognitive Pilot
"Les erreurs de conduite dues à une mauvaise visibilité ou à la fatigue sont totalement éliminées. Nos robots permettent de décharger le conducteur du travail de routine et lui fournissent une assistance dans les situations d'urgence", assure la directrice de Cognitive Pilot.
Les accidents ferroviaires
Olga Ouskova révèle en outre les statistiques du Conseil national de la sécurité des transports des États-Unis, selon lesquelles des accidents ferroviaires impliquant des personnes ou des véhicules se produisent presque toutes les deux heures.
"Les analystes et les experts du secteur estiment que l'une des principales causes des accidents ferroviaires est l'erreur humaine, dont les pertes se chiffrent en milliards de dollars, y compris le coût de la reconstruction des infrastructures", résume-t-elle.
Alors qu’elle rappelle que l’un des principaux défis à relever pour optimiser le transport ferroviaire dans le monde est "de garantir la sécurité du trafic et l'acheminement harmonieux et rapide des personnes et des marchandises", elle assure que l’invention russe apportera une contribution importante dans la solution de cette tâche dans le domaine.
"Nous estimons que l'utilisation en masse de notre système Cognitive Rail Pilot d'aide à la conduite des locomotives portera le niveau de sécurité des opérations de manœuvre sur les chemins de fer à un niveau qualitativement nouveau, avec une réduction des accidents de près de 70% par rapport aux chiffres actuels. Le modèle économique d'utilisation du système prévoit un retour sur investissement rapide en augmentant le rythme d'exploitation des locomotives", ajoute-t-elle.
Qui plus est, le système intelligent Cognitive Rail Pilot a atteint un haut niveau de précision dans la détection des objets et des situations dangereuses, il est capable d'assurer la sécurité du fonctionnement des locomotives dans toutes les conditions météorologiques (pluie, chutes de neige, brouillard ou de nuit) à des températures allant de -40 à +50°C.
Quand?
En Russie, il est prévu de fournir jusqu’à 500 locomotives en 2022 avec le nouveau système. En outre, l’interlocutrice de Sputnik a précisé que les installations de production de l’entreprise à Tomsk "nous permettent de produire jusqu'à 5.000 Cognitive Rail Pilots d'ici 2024, y compris pour livraison à l'étranger".
"Tous les tests ont été réalisés avec succès. Nous avons reçu les documents et les permis nécessaires et nous attendons que l'appel d'offres soit ouvert cette année. Nous nous préparons à y participer."
Et les trains de voyageurs?
Interrogée si un jour les trains de voyageurs seront également dotés de ce système d’intelligence artificielle, Olga Ouskova n’a pas nié une telle possibilité, soulignant toutefois qu’il faudra changer et adapter Cognitive Rail Pilot, car installé sur les trains de passagers il devra résoudre des tâches différentes de celles des locomotives de manœuvre.
"Pour installer notre intelligence artificielle sur les trains de passagers, nous devrons procéder à un certain nombre d'adaptations, car la tâche de ce type de locomotive est quelque peu différente de celle que nous avons mise en œuvre actuellement. Par exemple, les locomotives de ligne se déplacent à des vitesses plus élevées, ce qui implique la nécessité de détecter les objets sur de plus longues distances. En outre, nous devrons passer par un ensemble de tests appropriés pour nous conformer à la sécurité pour des types spécifiques de locomotives. Obtenir les approbations nécessaires. Nous planifions ces activités pour 2024", a dévoilé la directrice générale de Cognitive Pilot.
La coopération internationale
Outre la Russie, d’autres pays ont déjà démontré leur intérêt pour cette invention russe, dont la Chine, la France et les Pays-Bas. Alors que les négociations sont en cours avec la France, Olga Ouskova a expliqué que "le principal intérêt de la partie française pour le système concerne le transport de marchandises".
En guise de conclusion, il est important de noter que l’entreprises Cognitive Pilot n’est pas nouvelle dans la coopération avec les pays francophones et qu’elle a déjà travaillé avec ces partenaires concernant son autre invention: un système de contrôle autonome des machines agricoles basé sur l'intelligence artificielle.
"En 2021, Cognitive Pilot a signé 10 contrats avec de grandes exploitations agricoles et des producteurs agricoles de sept pays de l'Union européenne, dont la France et la Belgique francophones", a conclu l’interlocutrice de Sputnik.