Accusant la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'avoir truqué les élections législatives de novembre 2020, l'armée a chassé l'an dernier du pouvoir le gouvernement de la dirigeante démocratiquement élue Aung San Suu Kyi, détenue depuis lors dans un lieu tenu secret et visée par plus d'une dizaine de procédures judiciaires.
La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 et ses partisans dénoncent des accusations sans fondement et des manoeuvres pour l'écarter de la vie politique.
Le coup d'Etat a plongé le pays d'Asie du Sud-Est dans le chaos. Les vastes manifestations contre la junte ont donné lieu à une répression sanglante des forces de sécurité, qui ont tué des centaines de personnes, provoquant la formation de milices populaires et des affrontements armés.
Depuis plusieurs jours, les activistes appellent la population à rester confinée et les commerces à fermer ce mardi.
"Peut-être serons-nous arrêtés et passerons notre vie en prison si nous sommes chanceux. Nous pourrions être torturés et tués si nous sommes malchanceux", a déclaré un jeune activiste, Nan Lin, espérant que la grève enverrait un message à la junte.
Un porte-parole de l'armée n'a pas répondu à des demandes de commentaire.
D'après la presse officielle, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a prolongé lundi de six mois l'état d'urgence afin de faciliter la tenue des élections promises par l'armée, citant la menace représentée par "des saboteurs internes et externes" et par des "attaques terroristes et la destruction".
Un panneau installé par l'armée à Mitkina, dans le nord du pays, avertit les habitants qu'ils encourent jusqu'à 20 ans d'emprisonnement en cas de participation à la manifestation silencieuse. Des images de la ville diffusées sur les réseaux sociaux mardi montraient des rues principalement désertes.
A Rangoun, carrefour commercial du pays, un petit groupe de manifestants ont jeté de la peinture rouge au sol, selon des photos diffusées en ligne par les organisateurs de la grève.
Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a appelé la junte à autoriser un plus grand accès humanitaire.
La junte, qui dénonce un parti pris et des ingérences des Nations unies, refuse de céder à la pression internationale, en dépit notamment de sanctions occidentales. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada ont annoncé lundi des sanctions conjointes contre des représentants birmans liés aux procédures judiciaires contre Aung San Suu Kyi.
Depuis le coup d'Etat, le quotidien de la population birmane est marqué par des difficultés économiques, des coupures de courant à répétition, un accès à internet restreint et, pour certains, la crainte permanente d'être arrêtés.
Les forces de sécurité ont tué au moins 1.500 personnes et arrêté quelque 11.838 autres pour tenter d'éteindre le mouvement de contestation provoqué par le putsch, selon des données de l'Association d'aide aux prisonniers politiques (AAPP) relayées par l'Onu. La junte conteste ce bilan.