L'Union européenne ne fera qu'aggraver la situation si elle tente de déconnecter la Russie du système de paiement interbancaire SWIFT, a déclaré Friedrich Merz, dirigeant de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Allemagne.
"Nous nous ferons ainsi beaucoup de mal", a indiqué M.Merz à Die Welt.
Déconnecter Moscou du SWIFT risque de provoquer l’effondrement de l’ensemble du système et d’encourager la transition vers un pareil système chinois, estime l’homme politique. Il s’est déjà prononcé contre la déconnexion de la Russie du SWIFT à la mi-janvier.
L’Europe commet aussi une autre erreur en essayant de signer un accord d'association avec l'Ukraine. Ce document violerait les accords commerciaux entre Moscou et Kiev, rappelle M.Merz.
"Nous, dans l'UE, devons respecter le fait que les pays qui concluent des accords d'association ou de libre-échange avec l'Union européenne peuvent en même temps avoir des obligations envers d'autres zones économiques", a expliqué le dirigeant de la CDU.
Déconnexion du SWIFT, une sanction à ne pas adopter
SWIFT est un système interbancaire international permettant de transférer des informations et effectuer des paiements. Il réunit plus de 11.000 organisations de presque tous les pays du monde. Les déclarations sur l’éventuelle déconnexion de la Russie de ce système global à titre de sanction sont devenues très fréquentes ces derniers temps, dans le contexte des tensions croissantes autour de l’Ukraine. Réagissant à cette menace, la Russie a mis en place son propre système de transmission de messages financiers.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a précédemment déclaré qu'aucun dirigeant occidental n'avait jamais demandé la fermeture d’accès au SWIFT pour la Russie. La semaine dernière, le journal allemand Handelsblatt, citant des sources gouvernementales, a également confirmé que les États-Unis et l'UE, qui préparent de nouvelles sanctions contre Moscou, avaient exclu une telle option.
Rapprochement entre l’Ukraine et l’UE
Après le coup d'État de 2014, l'Ukraine mène une politique d'intégration avec l’Union européenne et l’Otan. Kiev a apporté à cette fin des modifications à sa constitution malgré les déclarations de plusieurs personnalités politiques européennes et de l’Otan selon lesquelles Kiev n’y était pas le bienvenu ou que l’entrée ukrainienne à ces organisations n’était pas pour bientôt.
Johannes Hahn, qui occupait alors le poste de commissaire à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage, avait notamment déclaré qu'il n'était pas réaliste de parler de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne dans les années à venir et que Kiev devrait se concentrer sur la mise en œuvre de l’accord d'association avec l'UE en vigueur depuis septembre 2017.