Alors que Jean Castex s’est rendu le 27 janvier à Auschwitz, afin de commémorer le 77e anniversaire de la libération du camp, en France, un sondage diffusé par BFM TV a fait grand bruit.
Intitulée "radiographie de l’antisémitisme en France", cette enquête de l’Ifop avait pour but de mieux cerner les discriminations dont les juifs font l’objet. Mais l’une des questions relayées par BFM TV a créé le malaise. S’interrogeant sur les préjugés qui touchent les juifs, le sondage demandait ainsi aux sondés si ceux-ci avaient "trop de pouvoir dans le domaine de l’économie?".
De nombreux internautes et personnalités politiques ont fait part de leur malaise devant cette question, accusant la chaîne d’information de flirter elle-même avec l’antisémitisme. Et ce, alors que le sondage avait pourtant été commandé par l’American Jewish Committee et la Fondation pour l’innovation politique.
Julian Dray, fondateur de SOS Racisme, s’est ainsi étonné qu’une telle question puisse être posée et relayée sur une chaîne d’information, se demandant si le pays n’avait pas sombré dans une "folie grave".
L’avocat Fabrice Di Vizio, médiatisé pour ses prises de positions durant la pandémie, s’est quant à lui demandé si le sondage ne relevait pas de la "fake news".
Quant au journaliste Guy Birenbaum, il a préféré répondre par une blague juive, tirée d’un ouvrage de Delphine Horvilleur, l’une des rares femmes rabbin de France.
D’autres internautes ont au contraire pris la défense de BFM TV, soulignant que la chaîne ne faisait que relayer un sondage commandé par l’une des plus vieilles organisations américaines de défense des juifs.
Islamisme et antisémitisme
Dans le détail, le sondage de l’Ifop révèle qu’une majorité de Français pensent l’antisémitisme en hausse (64%). Le rejet d’Israël (53%) et les idées islamistes (48%) sont perçues comme les principales causes de ce regain.
Côté préjugés, plus d’un musulman sur deux (54%) dit croire à une mainmise des juifs sur les médias. Alors que 59% des musulmans de plus de 50 ans estiment que "les juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et de la finance".
Ce 27 janvier, Élie Korchia, président du Consistoire de France, avait justement cité l’antisémitisme "basé sur l’islam radical" comme l’un des trois principaux antisémitismes de France, sur Franceinfo. Le responsable avait également mis l’accent sur l’antisémitisme "traditionnel" issu des rangs de l’extrême droite et sur celui venu de l’extrême gauche, souvent lié "à un antisionisme virulent".