Covid-19

Les non-vaccinés doivent-ils bénéficier des soins gratuits? Martin Hirsch s'interroge

Alors que l’épidémie du Covid-19 continue de peser sur les hôpitaux, le chef de l'AP-HP a évoqué l’hypothèse de la fin de la gratuité des soins pour les non-vaccinés. Cette idée est approuvée par 45% des Français, selon un récent sondage.
Sputnik
Soigner gratuitement les non-vaccinés ou pas? Invité le 26 janvier sur France 5, le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, revient sur une polémique jugée "pas évidente" et "délicate".
"Quand un instrument de prévention gratuit est disponible, qu'il peut être utilisé, qu'il est reconnu par la communauté scientifique comme quelque chose d'utile et qu'on y renonce, est-ce qu'on y renonce sans en porter aucune des conséquences? Ou est-ce qu'on tend la main pour soigner mais on dit qu'il n'y a aucune raison qu'il n'y ait pas de conséquences alors qu'il y en aura pour les autres patients qu'on aura du mal à soigner et qui, eux, n'y peuvent rien", s'interroge-t-il.
"Si on peut reconnaître qu'un système de dépistage, on doit le faire tous les cinq ans, est-ce qu'on doit avoir exactement la même protection et le même taux de remboursement si on le néglige, que quelqu'un qui ne le néglige pas?", poursuit Martin Hirsch.
En tant que cause qui le pousse à aborder cette question, le directeur général de l'AP-HP indique ne pas vouloir "qu'un jour on se dise que les dépenses de santé explosent parce qu'il y a toute une partie de comportements dits 'irresponsables' qui remettent en cause la solidarité de tous".
Pourtant, il souligne que la porte de l’hôpital et du soin n’est fermée à personne, mais, selon lui, il faut "être allié avec la responsabilité qui permet à tout le monde de bénéficier" de soins gratuits.

Les non-vaccinés sous pression

Les débats autour des non-vaccinés ne sont pas nouveaux mais deviennent particulièrement virulents en ce début d’année, alors que la France recense en moyenne 365.013 nouveaux cas de contaminations sur sept jours. Cette reprise épidémique pèse lourdement sur les services hospitaliers, où plus de 30.000 personnes sont actuellement admises.

"Plus de 90% de la population française vaccinable est vaccinée en France, et ce sont pourtant ceux qui n'ont reçu aucune dose qui sont majoritaires en réanimation!", a alerté Olivier Véran dans une interview accordée le 31 décembre au Journal du dimanche (JDD).

Le même constat est fait par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES). Selon ses derniers chiffres, une surreprésentation est observée à l'hôpital où les 8% des Français de plus de 20 ans représentent 45% des admissions en hospitalisation conventionnelle, 56% des entrées en soins critiques, et 42% des décès.
Une situation qui fait naître des attaques contre les non-vaccinés. Dans une tribune parue le 2 janvier dans le JDD, un professeur du CHU de la Pitié-Salpêtrière a ainsi appelé à ne plus les réanimer systématiquement. Cette question a pourtant divisé les Français (51% pour la fin de leur prise en charge et 49% contre), selon un sondage Ifop réalisé entre les 4 et 5 janvier. Quant à Emmanuel Macron, il a déclaré dans une interview accordée le 4 janvier au Parisien avoir "bien envie de les emmerder" en le présentant comme sa "stratégie".

Faire payer les non-vaccinés pour les soins à l'hôpital?

Le 29 décembre, le député Les Républicains du Nord Sébastien Huyghe a soumis un amendement à l'Assemblée nationale pour faire payer une partie des soins reçus par les personnes non-vaccinées et hospitalisées en raison du Covid-19.

"Ceux qui ont fait le choix de ne pas être vaccinés prennent un risque supplémentaire pour eux et pour les autres, a-t-il expliqué à France 3. Le but n'est pas de mettre les gens sur la paille mais d'instaurer une responsabilisation par le paiement."

Bien que cet amendement ait été finalement rejeté en France, l’application de cette mesure voit le jour dans certains autres pays comme Singapour. Depuis le 8 décembre dernier, les personnes non-vaccinées ne peuvent pas bénéficier du remboursement des frais médicaux liés au Covid-19 par l'État alors que les personnes partiellement vaccinées devaient se faire administrer la seconde dose jusqu'au 31 décembre pour pouvoir se faire rembourser.
Selon une enquête YouGov pour Capital publiée le 10 janvier, la prise en charge du coût des hospitalisations par les non-vaccinés est pourtant soutenue par 45% des Français contre 47% contre.
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