À la fois Président et quasi-candidat à sa réélection, Emmanuel Macron s’est rendu le 25 janvier à Saint-Léonard-de-Noblat, en Haute-Vienne, pour faire le bilan de son action et présenter le service public de demain. Il a été interpellé sur les lits d’hôpitaux qui ont été fermés pendant son quinquennat.
"Vous feriez mieux d’aller au CHU, il y a 15% de soignants qui sont absents, ils sont tous en burn-out, là-bas on sent directement les effets de votre politique", lui lance un jeune.
D’après France 3, il s’agit de Damien Maudet, militant de La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon, dans ce département.
"Vous avez fermé 17.900 lits en quatre ans", accuse-t-il, ce à quoi le chef de l’État lui répond: "Vous êtes très politisés vous". "Même l’an dernier en plein Covid, 5.700 lits fermés", poursuit néanmoins le militant. Ce dernier affirme également être le co-gestionnaire du compte Twitter "Allo Véran" qui recense des signalements adressés au ministre de la Santé sur "la réalité dans nos hôpitaux".
Bataille des chiffres
Quant aux chiffres, ils avaient déjà été ressortis par le député insoumis François Ruffin, lui-même s’étant basé sur les statistiques de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Contacté par Checknews, ce service a toutefois précisé qu’il ne s’agissait que d’estimations, et que les chiffres définitifs n’étaient publiés qu’avec deux ans de retard. Ceux de 2020, année de départ de l’épidémie, ne seront connus qu’en juillet 2022.
La suppression des lits d’hôpitaux est également une tendance qui n’est pas imputable qu’à l’actuel Président, puisqu’elle se poursuit depuis près de 20 ans. "En 2019, les établissements de santé comptent 393.000 lits d’hospitalisation complète, soit 76.000 lits de moins qu’en 2003", affirme la DREES dans son rapport de 2021 sur les établissements de santé.
Absentéisme
Pour se défendre face à ce chiffre, Emmanuel Macron a évoqué un problème d’absentéisme en raison de la crise sanitaire, mais aussi un manque d’attractivité de la profession. "Pour autant nous avons augmenté entre 184 et 400 euros par mois les soignants qui sont à l'hôpital", plaide-t-il.
"On a fait un investissement massif et inédit dans nos hôpitaux. Simplement cet investissement, il faut le décliner dans la durée. Les choses ne sont pas aussi simples que vous les décrivez", a-t-il ajouté, en référence au Ségur de la santé, un plan d’investissements présenté en octobre par Jean Castex.
L’absentéisme avait également été évoqué par Olivier Véran, lequel avait contesté auprès de Libération le chiffre de 20% de lits fermés dans les CHU, pourtant rapporté par le président du Conseil scientifique Covid-19 Jean-François Delfraissy. "Oui, il y a un certain nombre d’unités dans des hôpitaux qui sont obligées de fermer temporairement, ou de réduire la voilure, faute de soignants, faute surtout de pouvoir en recruter", avait-il concédé, tout en affirmant que "personne aujourd’hui ne sait donner un chiffre avec précision".
Il avait également rejeté la responsabilité de la situation sur les précédents gouvernements. "Il y a des décisions qui n’ont pas été prises il y a vingt ans, on les paye aujourd’hui", dénonçait-il dans le quotidien. Selon lui, le Ségur de la santé devrait permettre, à long terme, d’augmenter les effectifs dans les hôpitaux et donc les lits disponibles.