À l’approche de la présidentielle, les médias réfléchissent à la tenue et au format des débats, qui en 2017 ont connu des records d’audience. Si le Président sortant temporise sur l’officialisation de sa candidature parce qu’il souhaite "banaliser" cet événement au maximum, selon son entourage, sa participation aux débats télévisés est toutefois remise en question, notamment par les macronistes.
"Pourquoi renoncer à la présidentialité? Pourquoi se mettre au même niveau que les autres? Par ailleurs, si lui n’y va pas, je pense que les autres n’ont aucun intérêt à le faire", estime auprès du Parisien un communicant du gouvernement.
Pour l’Élysée, "il ne faut jamais dire jamais, mais les canaux sont multiples, les possibilités médias sont infinies".
En outre, selon un cadre du parti La République en marche (LREM), Emmanuel Macron "n’a rien à gagner car ce sera tous contre un, mais il sera sans doute difficile d’y échapper du fait du précédent de 2017".
Éviter le rôle de "cible"?
Analysant cette possibilité sur Franceinfo, l’ex-communicant de François Hollande à l’Élysée, Gaspard Gantzer, remarque qu’"il n'y a pas d'obligation constitutionnelle ou légale de participer à ces débats".
"Mais on peut imaginer qu'Emmanuel Macron pourra avancer l’argument suivant: je suis Président, le Covid-19 menace, j'ai la présidence française de l'Union européenne et aucun Président sortant ne s'est jamais retrouvé dans cette situation. Ce qui est vrai."
Or, l’expert estime que "ces arguments pèseront peu de poids face à la pression politique et médiatique" sur le Président.
"Cette fois, il a une position très différente, il est le favori de l'élection, il est le Président sortant et on peut imaginer que ce sera lui la cible d'un débat de premier tour, s'il a lieu avec lui, la dernière fois c'était François Fillon attaqué par Philippe Poutou et il avait payé très cher cette séquence, Emmanuel Macron ne veut pas vivre la même situation."
Expliquant le rôle qu’avaient eu les débats précédant le premier tour de 2017, M.Gantzer souligne leur caractère "américanisé" avec "une plus grande place donnée au clash et à la confrontation". Or, ils ont permis à Jean-Luc Mélenchon de progresser "grâce à ses bonnes performances à la télévision" et à Emmanuel Macron de se donner "la stature pour faire le job de Président de la République et être capable d'affronter ses adversaires", précise Gaspard Gantzer.