L’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne Andriy Melnyk a salué la démission du chef de la Marine allemande après ses propos sur la Crimée et Vladimir Poutine.
Ce scandale "a massivement remis en question la crédibilité et la fiabilité internationales de l'Allemagne, et non seulement du point de vue ukrainien", a-t-il déclaré samedi soir au quotidien Die Welt.
Un "choc profond"
Après avoir déclaré, le 21 janvier, que la Crimée était perdue pour l'Ukraine, qualifié d'"ineptie" l'idée selon laquelle Moscou envisage d'envahir une partie de ce pays et estimé que Vladimir Poutine "méritait d'être respecté", le vice-amiral Kay-Achim Schönbach, cible de nombreuses critiques, a démissionné de son poste dès le lendemain.
M. Melnyk a en outre affirmé que les déclarations du général Schönbach avaient "profondément choqué l'ensemble du peuple ukrainien". Il est allé jusqu’à évoquer les heures sombres de l’Histoire: "Avec cette attitude condescendante, les Ukrainiens se sont sentis inconsciemment rappelés aux horreurs de l'occupation nazie, quand ils étaient traités comme des sous-hommes". Il a encore dénoncé "l'arrogance et la mégalomanie allemandes".
Berlin condamne mais persiste
La Bundeswehr avait pour sa part dénoncé les propos du haut responsable en affirmant qu’ils "ne correspondent nullement à la position du ministère fédéral de la Défense".
Cependant, malgré les nombreux appels de ses alliés de l’Otan à livrer des armes létales à l’Ukraine, l’Allemagne refuse toujours. Sa position va à l’encontre de celle des États-Unis et de membres de l’Alliance comme le Royaume-Uni, la Pologne et les pays baltes. Berlin a d’ailleurs récemment bloqué une initiative estonienne d’y exporter des obusiers qui avaient appartenu à l’Allemagne de l’Est.
De son côté, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a critiqué le refus du gouvernement allemand de fournir des armes à Kiev. L'Allemagne a commis des "erreurs envers l'Ukraine" pendant la Seconde Guerre mondiale. Une partie de sa responsabilité consiste à "prendre les bonnes décisions aujourd'hui", a-t-il déclaré au Welt. Selon lui, "les Ukrainiens se souviendront pendant des décennies" de ce refus, qu’il a jugé décevant.
Des accusations vaines
La Russie ne cesse de rejeter les accusations d’occupation de l’Ukraine, pour laquelle elle concentrerait ses troupes près de la frontière. Moscou souligne rester ouvert au dialogue.
La péninsule de Crimée a été rattachée à la Russie à l’issue d'un référendum organisé en 2014 dans le sillage du coup d’État à Kiev. 96,77% des habitants ont voté pour. L’Ukraine ne l’a jamais reconnu et continue de considéré ce territoire comme "occupé".