"Ce retrait temporaire de l'antenne permettra d'éviter les instrumentalisations politiques et médiatiques de cette affaire. Le groupe rappelle que Jean-Jacques Bourdin conteste vigoureusement les faits dénoncés et bénéficie de la présomption d'innocence", a indiqué Altice dans un communiqué.
"Jean-Jacques Bourdin, à la demande de la direction, se retire temporairement des antennes de BFMTV et de RMC. Cette décision a été prise pour ne pas porter préjudice au fonctionnement quotidien de BFMTV et de RMC", a précisé le groupe.
La plainte, consultée par l'AFP, émane d'une ancienne collaboratrice, pendant plusieurs années, du célèbre animateur de 72 ans. Cette jeune femme âgée aujourd'hui de 33 ans décrit l'agression comme ayant eu lieu dans la piscine d'un hôtel de Calvi (Haute-Corse) en octobre 2013.
Une enquête a été confiée par le parquet de Paris au commissariat du 16e arrondissement. Elle pourrait aboutir au constat que les faits sont prescrits, puisque le délai en la matière est de six ans, et que la plainte date de janvier 2022.
Altice "rappelle qu'une enquête interne a été ouverte pour s'assurer qu'aucun fait de ce type n'a été porté à la connaissance des salariés et managers de l'entreprise".
La durée de la mise à l'écart de M. Bourdin n'est pas précisée, ni ses modalités juridiques.
"L'interview politique de 8h30, sur BFMTV/RMC, sera assurée par Apolline de Malherbe à partir de lundi", a indiqué le groupe, tandis que "La France dans Les Yeux", sur BFMTV, sera animée par Bruce Toussaint.
La révélation de la plainte a déjà amené les candidats à l'élection présidentielle à traiter avec précaution les invitations à répondre aux questions de ce journaliste réputé comme pugnace.
Vendredi matin, l'écologiste Yannick Jadot avait annulé un entretien dans son émission. "On a fait ce qu'on devait faire", commentait-il.
Les agressions dont elle parle
Trois jours plus tôt la candidate LR Valérie Pécresse avait souligné s'être "clairement posé la question" de sa venue ou non. Elle avait fait part à l'antenne de sa détermination à soutenir les femmes victimes de violences sexuelles "pour que la parole se libère", mais souligné son "respect" de la présomption d'innocence.
D'après la plaignante, le journaliste lui aurait "saisi le cou", puis "rapproché son visage" du sien et "essayé de (l')embrasser à plusieurs reprises", sans y parvenir. Comme elle se serait débattue puis enfuie, il aurait lancé: "J'obtiens toujours ce que je veux", avant d'envoyer "durant plusieurs mois" des courriers électroniques et SMS insistants.
Elle a quitté le groupe en 2017, après avoir "été sans cesse dans la peur".
Il nie les faits
Jean-Jacques Bourdin nie. "Je connais cette personne, et j'ai travaillé avec elle. Je reconnais m'être baigné avec elle dans la piscine de cet hôtel. Mais je n'ai jamais tenté de l'embrasser de force, ni elle, ni jamais personne d'autre", a-t-il déclaré au Parisien mi-janvier.
Depuis, il ne veut plus s'exprimer à ce sujet.
Écarté de la matinale de RMC à l'été 2020 après 19 ans de service, Jean-Jacques Bourdin mène sa dernière saison à la tête de l'interview politique phare de 8h30. Il avait commencé sa carrière comme journaliste sportif sur RTL en 1976.
D'autres journalistes célèbres ont été visés par des accusations d'agression sexuelle.
Le journaliste suisse Darius Rochebin, accusé anonymement dans le quotidien genevois Le Temps de gestes pouvant s'apparenter à des agressions sexuelles par d'anciens collaborateurs et collaboratrices au sein de la Radio Télévision Suisse, s'était retiré de l'antenne de la chaîne française LCI de fin octobre 2020 à fin avril 2021.
Aucune plainte n'a été déposée contre lui.