Lors des études déterminant l’efficacité des vaccins Covid, une partie des participants reçoit une véritable dose, l’autre un placebo, par exemple une seringue de solution saline. Il s’avère que même les patients qui reçoivent le placebo ressentent ensuite des effets indésirables. Des chercheurs d’un hôpital de Boston ont donc cherché à déterminer l’influence de l’effet nocebo.
Leur analyse des données de 45.380 participants à des essais de plusieurs types de vaccins les a conduits à affirmer que 76% des effets indésirables sont causés par l’effet nocebo, et 52% après la deuxième dose. Les résultats ont été publiés le 18 janvier dans la revue JAMA Network Open. Après la deuxième injection, plus de 35% des personnes qui ont reçu le placebo ont présenté des effets indésirables.
"La collecte de preuves systématiques concernant ces réponses nocebo dans les essais de vaccins est importante pour la vaccination contre le Covid-19 dans le monde entier, en particulier parce que l'inquiétude concernant les effets secondaires serait une raison d'hésiter à se faire vacciner", y indique l’auteure principale de l’étude, Julia Haas.
La faute au stress?
Les chercheurs pensent que le sentiment d’anxiété explique une plus forte récurrence de l’effet nocebo à la première dose, et diminue ensuite à la deuxième. Les effets les plus rapportés, les maux de tête et la fatigue, "figurent parmi les effets indésirables les plus courants après la vaccination contre le Covid-19 dans de nombreuses brochures d'information", souligne dans un communiqué Ted J. Kaptchuk, également auteur de l’étude et professeur de médecine à la Harvard Medical School.
Il juge toutefois important de continuer à informer les patients des effets indésirables, même si cela peut en engendrer davantage. "La médecine est fondée sur la confiance", insiste-t-il. Après avoir obtenu ces résultats, il suggère néanmoins qu’informer les patients sur de potentielles effets nocebo peut contribuer à réduire leurs inquiétudes sur la vaccination contre le Covid-19, et ainsi diminuer l’hésitation.
Surveillance des vaccins
Selon les derniers chiffres de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), 80.775 cas d’effets indésirables ont été recensés pour le vaccin de Pfizer-BioNTech sur plus de 97 millions d’injections (jusqu’au 30 décembre 2021). Le rapport était de 18.343 cas d’effets indésirables pour 17 millions d’injections pour le Moderna, et de 28.383 cas pour près de huit millions d’injections pour l’AstraZeneca.
Pour l’ensemble des vaccins, la proportion de cas non-graves est de 76% (contre 24% de graves) depuis le début de la vaccination. "Ce sont des vaccins qui sont bien tolérés", assure auprès de Ouest-France Cecil Czerkinsky, vaccinologue et directeur de recherche Inserm à l’université de Nice-Sophia-Antipolis.