"Le régime fiscal n’est pas équitable": des millionnaires demandent à payer plus d’impôts

Une centaine de millionnaires ont signé une lettre ouverte pour réclamer plus d’impôts sur les grosses fortunes, en cette période de pandémie. Joe Biden avait renoncé à sa taxe sur les "super-riches", fin octobre.
Sputnik
Alors que l’impôt mondial sur les multinationales continue d’enflammer les débats à Bruxelles et à Davos, une centaine de millionnaires ont signé une lettre ouverte pour demander à être taxés plus sévèrement.
Par cette drôle d’initiative, le groupe des "Millionnaires patriotes" entend inciter les gouvernements à repenser leurs régimes fiscaux, pour mieux gommer les inégalités qui se sont accentuées durant la pandémie.
"En tant que millionnaires, nous savons que le régime fiscal actuel n'est pas équitable. Alors que le monde a traversé d'immenses souffrances ces deux dernières années, la plupart d’entre nous peuvent dire qu’ils ont vu leur fortune augmenter, mais peu d’entre nous peuvent honnêtement dire qu’ils paient leur juste part d’impôts", écrivent ainsi les signataires dans leur lettre.
Des réformes fiscales d’autant plus pressantes qu’une crise de confiance semble désormais s’être installée entre "les peuples du monde et les élites qui sont les architectes de ce système", selon les signataires. Un fossé qui ne saurait être comblé par de simples gestes philanthropiques, mais doit passer par l’imposition des grosses fortunes.
Les millionnaires, pour la plupart américains et britanniques, mettent donc en garde contre les modèles de société inégalitaires, rappelant que l’histoire leur a parfois réservé des fins tragiques. "Taxez-nous, les riches, et taxez-nous maintenant!", concluent-ils.

Pas de taxes sur les super-riches

La question de la taxation des grosses fortunes s’était posée avec insistance aux États-Unis en octobre dernier, alors que les Démocrates avaient envisagé une taxe sur les super-riches, afin de financer les plans d'investissements prévus par l’administration Biden.
La mesure prévoyait d’imposer plus sévèrement quelque 700 contribuables, insistant particulièrement sur les plus-values dites "latentes", comme les gains réalisés sur les portefeuilles d’actions, qui ne peuvent normalement être taxés qu’après la vente desdites actions.
Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, avait estimé que cette taxe pouvait générer au moins 200 milliards de dollars sur une décennie.
Le projet avait néanmoins rencontré des détracteurs, comme le patron de Tesla Elon Musk. Fin octobre, celui-ci avait notamment déclaré sur Twitter que la dette américaine ne pourrait être résorbée en imposant les milliardaires, même si ceux-ci étaient taxés "à 100%". Il avait appelé à se pencher sur la question des dépenses publiques.
En délicatesse au Congrès, Joe Biden avait finalement renoncé à cette taxe sur les super-riches, tout en remaniant largement son "plan historique" de dépenses, centré sur le social et l’écologie.
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