Les trous noirs ont longtemps reflété une image négative dans l’imaginaire des astronomes et autres amateurs de l’espace: ils absorbent la lumière et la matière, jusqu’à "avaler" des planètes entières. La galaxie naine Henize 2-10 et son trou noir proportionnellement plus petit à ceux observés auparavant est en train de révolutionner cette idée. Deux astrophysiciens viennent tout juste de lui attribuer une formation d’étoiles, là où il est passé il y a quelques millions d’années.
"Dès le début, je savais que quelque chose d'inhabituel et de spécial se passait dans la galaxie Henize 2-10, et maintenant Hubble a fourni une image très claire de la connexion entre le trou noir et une région voisine de formation d'étoiles située à 230 années-lumière du trou noir", explique la coauteure de l’étude, Amy Reines, auprès de la Nasa.
L’étude a été publiée le 19 janvier dans la revue Nature.
Le télescope Hubble a permis de déterminer que l’amas d’étoiles naissantes se situait bien sur la trajectoire de l’écoulement de gaz qui a suivi le passage du trou noir. Les trous noirs supermassifs, observés dans des galaxies bien plus grandes, libèrent des nuages de gaz qui se déplacent à une vitesse proche de la lumière et chauffent à une température extrême. Mais celui situé dans Henize 2-10 offrirait les conditions optimales pour que ce gaz refroidisse et précipite la formation de nouvelles étoiles, selon la Nasa.
Origine
Des recherches plus poussées sur la formation de trous noirs dans les galaxies naines pourraient servir d’indices supplémentaire pour élucider le mystère de leur formation, avance Mme Reines. En général, plus la galaxie hôte est massive, plus le trou noir central l’est.
L’une des théories mise sur la formation d’étoiles supermassives dans l’univers primitif qui se sont alors effondrées pour former des "graines" de trou noir. "Les galaxies naines pourraient conserver une certaine mémoire du scénario d'ensemencement des trous noirs qui, autrement, se serait perdue dans le temps et l'espace", commente Amy Reines.
Observation de l’univers
Longtemps rejetée par les scientifiques, ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du XXe siècle que l’existence des trous noirs a commencé à être prise au sérieux. Le premier observé dans un jeune amas d’étoiles ne l’a été que récemment, en novembre 2021, grâce au grand télescope de l'Observatoire austral européen (ESO) au Chili.
Le lancement en décembre dernier du télescope spatial James Webb, censé être placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, devrait permettre de mieux comprendre la formation d’étoiles et de galaxies, et par extension celle des trous noirs. Grâce à ses imageurs, spectrographes et autres instruments de détection de chaleur dernier cri, il est le télescope spatial le plus puissant jamais conçu.