L’Otan annonce des exercices en Arctique, la Russie va en tenir dans toutes ses eaux territoriales

La mission US de l’Otan a informé ce 20 janvier de manœuvres prévues d’ici deux mois en Arctique et impliquant 28 pays. La Russie a annoncé les siennes dans toutes les régions maritimes relevant de sa responsabilité, y compris en Arctique. Une zone où Moscou, Washington et l’Otan renforcent stratégiquement leur présence.
Sputnik
Après que la Russie et les États-Unis ont annoncé en 2021 le renforcement de leurs activités militaires et économiques en Arctique, l’Otan s’apprête à mener des exercices de grande envergure au-delà du cercle polaire.
Intitulées Cold Response, les manœuvres impliqueront 35.000 soldats de 28 pays, indique la mission américaine de l’Alliance transatlantique sur Twitter. Le début est prévu pour mars.
Cette annonce survient après que la Norvège a informé la Russie de son projet de réaliser des exercices avec la quasi totalité des pays membres de l’Otan en mars ou avril, d’après le service de presse de la Flotte russe du Nord. Selon Oslo, le nombre total des militaires impliqués s’élève à 40.000.
Communiquant à Moscou cette information, la partie norvégienne a précisé respecter ainsi le document de Vienne sur les mesures de confiance et de sécurité adopté lors d'un forum de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) en 2011 pour favoriser la transparence des grands exercices militaires.

Manœuvres russes

La Défense russe a annoncé quant à elle ce 20 janvier mener des manœuvres en janvier et en février dans toutes les régions maritimes relevant de sa responsabilité, dont l’Arctique.
Impliquant environ 10.000 militaires, les exercices se dérouleront dans les eaux adjacentes au territoire russe ainsi que dans d’importantes zones océaniques, précise le ministère. Des manœuvres particulières sont prévues dans la partie nord-est de l’océan Atlantique, la mer du Nord, la Méditerranée, la mer d’Okhotsk et le Pacifique.
Les exercices ont pour objectif de s’entraîner à protéger les intérêts russes et à faire face aux menaces militaires maritimes.
Plus de 140 bâtiments de guerre, 60 aéronefs, et 1.000 unités de matériel militaires seront déployés, précise la Défense. Et d’ajouter que certaines de ces manœuvres ont déjà commencé, un sous-marin ayant tiré un missile de croisière Kalibr contre une cible terrestre depuis la mer du Japon.

Compétition en Arctique?

Fin décembre dernier, le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, a déclaré que l’Otan renforçait sciemment sa présence dans la région. Il a rappelé que l’Alliance transatlantique avait refusé en 2020 de soutenir l’initiative russe de dissuasion militaire prévoyant la réduction d’intensité des manœuvres.
La stratégie militaire américaine, intitulée "Regagner la domination de l’Arctique", a été rendue publique en mars 2021, l’Otan reconnaissant plus tard y prêter une attention particulière. Pour cause, "la fonte des glaces, ainsi que le renforcement de la présence russe […] au même titre que l’intensification de l’intérêt et de la présence de la Chine augmentent l’importance de l’Arctique pour l’Otan", a fait savoir Jens Stoltenberg, son secrétaire général, lors d’une réunion de l’Atlantic Council à Washington.
Selon lui, les pays membres investissent dans de nouvelles capacités notamment "des avions, des sous-marins" pour maintenir "le niveau nécessaire de présence militaire de l’Alliance en Arctique".
Cette annonce a été faite sur fond des exercices Arctic Challenge 2021, organisés par la Norvège. Un mois plus tard, la Russie a tenu les siens dans les mers de Barents et de Norvège, en vue de tester ses sous-marins dans les eaux profondes. C’est justement à cette époque que la mer de Barents était particulièrement visée par les activités de l’Alliance, la Russie ayant intercepté de nombreux aéronefs qui s’approchaient de ses frontières.
Toujours en 2021, le porte-parole du Pentagone John Kirby a souligné que cette région clé était "vitale" pour la Défense américaine en tant que "corridor stratégique potentiel entre l'Indo-Pacifique et les États-Unis". De plus, il a annoncé que l’armée surveillait "de très près" l’activité russe dans l’Arctique. Moscou a assuré pour sa part que les activités en question revêtaient un caractère défensif et ne présentaient aucun danger.
Dressant son bilan pour 2021, le ministre russe de la Défense a pointé les nouvelles infrastructures installées dans la région qui ont "permis de protéger de manière fiable les frontières arctiques de la Russie contre les activités hostiles de pays étrangers". Parmi celles-ci figurent deux bases militaires ainsi que le lancement de la reconstruction de cinq aérodromes adaptés à tous les types d’aéronefs.

Assimilation économique

En 2020, Vladimir Poutine a signé un programme portant sur les principes de la politique russe dans la région pour une période allant jusqu’à 2035. Y figurent la protection de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ainsi que le développement de la route maritime du nord, censée devenir compétitive à l’échelle mondiale.
S’y trouvent aussi la protection de l’environnement, ainsi que celle de l’habitat et de la vie traditionnelle des peuples autochtones peu nombreux du nord. Plus tard, le gouvernement russe a approuvé un projet de croissance économique de l’Arctique dans le cadre de cette stratégie présidentielle.
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