La Russie envoie des militaires en Biélorussie pour des exercices d’envergure

Moscou et Minsk ont annoncé l’arrivée d’unités militaires russes en Biélorussie pour des exercices conjoints d’envergure qui se dérouleront sur fond d’augmentation de la présence militaire de l’Otan près des frontières russes et biélorusses.
Sputnik
Des militaires russes sont arrivés en Biélorussie pour des exercices conjoints baptisés Détermination de l’Union destinés à préparer les soldats de l’Union Russie-Biélorussie à une opération défensive, a annoncé ce jeudi 20 janvier le ministère biélorusse de la Défense.
"Des convois avec du matériel et du personnel de l’armée russe continuent d'arriver sur le territoire biélorusse pour participer à des exercices des forces de réaction de l'Union Russie-Biélorussie", a indiqué le ministère.
Le ministère russe de la Défense avait déclaré le 19 janvier l'arrivée des premières unités du district militaire russe de l’Est dotées d’armes et d’équipements standard en Biélorussie.

"Repousser une agression extérieure"

Moscou et Minsk testeront les forces armées de l’Union Russie-Biélorussie en deux étapes. Selon le vice-ministre russe de la Défense Alexandre Fomine, lors de la première étape, qui durera jusqu'au 9 février, les deux pays procéderont au redéploiement et à la formation de groupements de troupes, s’entraîneront à protéger les sites sensibles et la frontière aérienne, ainsi que testeront leur système de défense antiaérienne commun.
Douze avions Soukhoï Su-35, plusieurs dizaines de systèmes de missiles S-400 et systèmes antiaériens de courte à moyenne portée Pantsir-S seront redéployés dans le cadre de cette étape, précise le ministère russe de la Défense.

Du redéploiement aux tirs réels

La deuxième étape, prévue du 10 au 20 février, prévoit la tenue d’un exercice à balles réelles baptisé Détermination de l’Union 2022. Les troupes s’entraîneront à faire face à une agression extérieure dans le cadre d’une opération défensive, et à lutter contre le terrorisme.
Elles se prépareront notamment à renforcer les secteurs de la frontière où des bandits pourraient pénétrer illégalement sur le territoire biélorusse et à démanteler les filières de livraison d'armes et de munitions, expliquent les ministères russe et biélorusse de la Défense.
Les exercices se dérouleront sur cinq polygones de tirs, ainsi que sur quatre aérodromes.
"Le nombre de participants, ainsi que d’armements utilisés est inférieur à celui qui nécessiterait la présence d’observateurs conformément au Document de Vienne de 2011 sur les mesures de confiance et de sécurité", note le ministère russe de la Défense.

"Utiliser tout le potentiel" militaire

La tenue des exercices des forces de réaction de l’Union Russie-Biélorussie a été décidée lors d’entretiens entre les Présidents Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko en décembre 2021, a expliqué le 18 janvier le vice-ministre russe de la Défense Alexandre Fomine, devant les attachés de défense de pays étrangers.
Les chefs d’État avaient jugé nécessaire de vérifier si leurs troupes étaient capables de garantir la sécurité militaire, ainsi que d’étudier plusieurs scénarios de neutralisation des menaces pesant sur l’Union, a ajouté M.Fomine.
"Une situation peut se présenter où les forces du Groupe régional ne seront pas suffisantes pour garantir la sécurité de l'Union, et nous devons être prêts à les renforcer. La Russie et la Biélorussie ont convenu qu’il faudra alors utiliser tout le potentiel de l’organisation militaire de l’Union", a-t-il déclaré.
Les manœuvres militaires conjointes entre la Russie et la Biélorussie ne devraient susciter aucune inquiétude, même dans le contexte de la situation autour de l'Ukraine, a déclaré le 19 janvier le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
En septembre 2021, la Russie et la Biélorussie avaient mené les exercices stratégiques Zapad 2021 engageant environ 200.000 militaires.

Moscou et Minsk obligés de réagir à la présence militaire de l’Otan

Les patrouilles et exercices conjoints organisés par Moscou et Minsk s’expliquent par le renforcement de la présence militaire de l’Otan à leurs frontières, a expliqué ce jeudi 20 janvier la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

"La Pologne, la Lituanie et l’Ukraine massent leurs forces et matériels de guerre à la frontière, elles érigent des sites d’infrastructure. Dans ce contexte, la Russie et la Biélorussie sont obligées de réagir de manière adéquate, notamment en menant des patrouilles conjointes de l'espace aérien, des entraînements conjoints réguliers, des exercices, etc.", a indiqué Mme Zakharova lors d’un point presse.

Elle a rappelé que les frontières biélorusses étaient aussi celles de l’Union Russie-Biélorussie, ainsi que de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une organisation à vocation politico-militaire qui regroupe l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Russie et le Tadjikistan depuis 2002. Début janvier, le contingent de paix envoyé récemment par les membres de l’OTSC au Kazakhstan à sa demande a aidé le gouvernement du pays à faire face aux émeutes massives.
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