Gênés, les représentants d'un cabinet US proche de Macron mis à mal au Sénat - vidéo

Face à la commission d’enquête au Sénat, les représentants du cabinet McKinsey, proches d'Emmanuel Macron, ont été invités à défendre leur rôle auprès du gouvernement, bénéficiant de contrats de plusieurs centaines de milliers d’euros. Le gouvernement a annoncé dans la foulée une baisse de 15% de ses dépenses auprès des cabinets de conseil en 2022.
Sputnik
Mardi 18 janvier, deux représentants du cabinet américain McKinsey ont été interrogés par une commission sénatoriale portant sur "l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques". Outre le rôle de McKinsey dans la campagne vaccinale contre le Covid-19, la sénatrice communiste Éliane Assassi s’est intéressée à ses travaux pour l’Éducation nationale et la Caisse d’assurance vieillesse, obtenant des réponses qui ne l’ont pas convaincue.
"Vous avez obtenu un contrat d’un montant de 496.800 euros pour "évaluer les évolutions du métier d’enseignant" Vous pouvez nous dire à quoi a abouti cette mission?", a d’abord interrogé la sénatrice dans une vidéo publiée par Public Sénat.
"Notre rôle a été d’accompagner la DITP [direction interministérielle de la transformation publique, ndlr] […] pour réfléchir sur les grandes tendances des évolutions du secteur de l’enseignement et à ce titre, quelles pouvaient être les réflexions autour du métier d’enseignant", justifie, en hésitant et en bafouillant, Karim Tadjeddine, responsable du pôle Secteur public dans la branche française du cabinet.
Il a également évoqué un séminaire qui avait dû finalement être annulé en raison de la situation sanitaire.
"Cette réponse est un peu imprécise", rétorque Mme Assassi, rappelant l’importance du sujet et de la somme. M.Tadjeddine explique alors qu’un travail de comparaison avec les autres pays européens a été réalisé pour "anticiper les évolutions du métier d’enseignant", toujours dans le but de "réfléchir à un certain nombre de thèmes de réflexion" prévus pour être discutés dans ce séminaire qui n’a jamais eu lieu.
Quelques minutes plus tard, la sénatrice évoque un autre contrat obtenu en 2019 relatif à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) pour un montant de 920.000 euros, posant la question du rôle de McKinsey dans cette prestation. "Il s’est agi de réfléchir aux axes d’évolution de l’organisation de la CNAV pour faire en sorte qu’ils assument mieux leur mission", répond Thomas London, responsable du pôle Santé publique.

Liens avec Macron

Le cabinet McKinsey faisait également partie des prestataires engagés par le gouvernement dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire. Entre mars 2020 et janvier 2021, sept cabinets avaient alors obtenu des contrats pour un montant total de 11,3 millions d’euros, dont quatre juste pour McKinsey.
Comme l’évoquait Le Monde en février dernier, ce cabinet américain est lié à Emmanuel Macron depuis 2007. Le jeune énarque, membre de la commission Attali chargée de proposer des réformes économiques au Président Sarkozy, avait attiré l’attention d’Éric Labaye, directeur de McKinsey France à l’époque, accompagné d’un certain Karim Tadjeddine.
Ce dernier a ensuite travaillé avec M.Macron, devenu banquier à Rothschild, au sein du think tank En temps réel. Dans le cadre de la présidentielle de 2017, McKinsey s’était notamment chargé de trouver une entreprise pour développer un site pour la campagne d’Emmanuel Macron. C’est la DITP, créée par le Président Macron, qui a ensuite recouru aux services de McKinsey, dont M.Tadjeddine est chargé du département Secteur public, et donc des missions pour l’État.

Rapport et annonces

C’est également mardi qu’a été publié le rapport de l’Assemblée nationale sur les "missions confiées par l'administration à des prestataires extérieurs". Elle en appelle à un "pilotage plus affirmé" de ces externalisations par l’État, proposant par exemple des équipes mixtes composées à la fois de membres de l’administration et de consultants privés afin de garantir l’autonomie de la première.
"Le recours à un cabinet de conseil ne traduit ni un défaut de compétence, ni une faiblesse d’un responsable ou d’une organisation […] La complémentarité est un principe d’action majeur pour nous, l’apport se fait toujours en appui des structures publiques, jamais en substitution", a affirmé Karim Tadjedine face aux sénateurs.
Auditionnée par la commission sénatoriale ce mercredi, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin a d’ores et déjà annoncé une réduction de 15% des dépenses des ministères auprès de cabinets de conseil. "Dans ce quinquennat, les dépenses de conseil n'ont pas augmenté", a-t-elle assuré sur Europe 1, soulignant que "quand on a les compétences dans l'État, on n'a pas de recours au conseil externe".
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