Main sur la cuisse, bras sur la poitrine: un dentiste militaire accusé d’agressions sexuelles

Du harcèlement avec un même scénario: un bras posé sur la poitrine et une main sur l'intérieur de la cuisse. Un dentiste militaire de 47 ans sera jugé ce vendredi en Moselle pour agressions sexuelles sur sept femmes militaires. En 2014, la Défense française s'était dotée d'une cellule dédiée à la lutte contre les violences sexuelles.
Sputnik
Scandale à l'hôpital d'instruction des armées Legouest de Metz (Moselle). Un chirurgien-dentiste militaire de 47 ans doit comparaître le 21 janvier pour agressions sexuelles sur sept femmes militaires, relate BFM TV.
D’après les informations de la chaîne, les faits se seraient déroulés de mai à août 2021 lors de visites médicales destinées à valider leur départ en OPEX (opération extérieure).
Les harcèlements se sont produits avec le même scénario. L’homme, adjoint au chef de service, convoquait des femmes, toutes âgées de 21 à 28 ans, afin de leur prodiguer des soins dentaires. Pendant la séance, il mettait un bras sur leur poitrine et posait une main sur l'intérieur de leur cuisse, comme l’ont raconté les sept victimes.

Les faits en question

L’alerte a été donnée par une gendarme mobile de 24 ans qui affirme avoir été harcelée le 16 août 2021. Convoquée pour un détartrage avant un départ pour une mission en outre-mer, elle révèle qu’à chaque changement de matériel, il repositionnait sa main sur sa poitrine. À la fin du traitement, il lui détaillait les soins qu'elle venait de subir tout en posant sa main sur son entrejambe et son ventre. Bien que cette dernière n'ait pas osé protester, elle a rapporté les faits à sa hiérarchie.
"Pendant les soins, sentant que j'étais tendue, il a posé sa main sur mon ventre et m'a dit de me détendre", a révélé à la chaîne une autre femme militaire, dont le rendez-vous avec le médecin a eu lieu le 27 juillet 2021. "Je lui ai dit assez sèchement de retirer sa main. À la fin de sa visite, il a posé sa main droite sur l'intérieur de ma cuisse droite. Il m'a aussi dit qu'il fallait reprendre rendez-vous, j'ai prétexté une mission Sentinelle pour ne pas y retourner."
Une militaire explique même que la main de l’homme est allée sur sa poitrine et son pubis et qu'elle a senti ses doigts remuer lors d'un rendez-vous le 25 août 2021.
Placé en garde à vue le 13 octobre 2021, l’accusé nie toute connotation sexuelle à ces gestes, mais reconnaît avoir parfois "malencontreusement" touché le ventre ou la cuisse d'une patiente. Le dentiste risque 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Parly exige "une réponse pénale exemplaire"

Mise au courant de l’affaire, la ministre des Armées s’est interposée le 27 décembre 2021. "De tels agissements apparaissent en totale contradiction avec le comportement attendu d'un officier, et au surplus d'un soignant", a déclaré Florence Parly, appelant à "une réponse pénale exemplaire, tant au regard de la gravité intrinsèque que du préjudice qui en résulte pour l'institution et ses personnels."
La ministre des Armées a fait de l'intégration des femmes son cheval de bataille. Auparavant, en 2014, l'institution s’était dotée de la cellule Thémis pour prendre en charge et accompagner les victimes de violences sexuelles dans l'armée.
"Elle propose aux victimes un accompagnement et des conseils administratifs, statutaires et juridiques. Le cas échéant, elle les met en relation vers les autres services compétents pour lui apporter l’assistance nécessaire. Depuis le 31 août 2021, le champ de compétence de la cellule est élargi aux discriminations de toute nature", relate le ministère sur son site.
Le nombre de dossiers a augmenté progressivement les premières années. À compter de 2018 (93), une hausse sensible s’est confirmée et amplifiée en 2019 (143) et en 2020 (187), dans le contexte de la "libération de la parole" survenue en 2017 en plein mouvement MeToo.
Quant au harcèlement au sein des soins médicaux de l’armée, une affaire sensible a eu lieu en 2016, lorsque trois femmes avaient porté plainte pour harcèlement moral et sexuel contre le médecin en chef de l’antenne bordelaise de la Sécurité militaire. Elles ont accusé également leur hiérarchie d’avoir protégé ce colonel parti à la retraite avec une paie majorée, avait révélé alors StreetPress dans un reportage.
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