L'ex-ministre de la Justice de François Hollande, qui est âgée de 69 ans, avait un peu plus chamboulé le paysage politique à gauche en annonçant fin décembre 2021 "envisager" une candidature à l'Elysée.
Son entrée en lice porte à six le nombre des principales candidatures à gauche, dont aucune ne franchit pour l'heure les 10% d'intentions de vote dans les sondages.
"Je m'engage auprès de vous parce que je partage avec vous l'aspiration à un autre mode de gouvernement", a déclaré Christiane Taubira lors d'un discours à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse.
"Il nous faut revigorer notre démocratie en réhabilitant le Parlement, en contrôlant l'action du gouvernement et en veillant à la séparation réelle et effective des pouvoirs", a-t-elle poursuivi, fustigeant le "mépris" du gouvernement d'Emmanuel Macron envers les Français et son goût de "la moralisation et la caporalisation".
"Pour toutes ces raisons, je suis candidate à la présidence de la République", a-t-elle dit.
Les ambitions élyséennes de l'ex-députée de Guyane sont toutefois suspendues à l'issue de la "Primaire populaire" lancée par des militants de gauche en vue de "désigner la personnalité la plus à même de porter les valeurs écologiques, démocratiques et sociales" au scrutin d'avril.
"Je reconnais les règles de la primaire populaire et j'en reconnaîtrai le résultat", a-t-elle répété.
Suspendu au verdict de la primaire populaire
Le 9 janvier dernier, Christiane Taubira s'est engagée à se soumettre au résultat de la primaire, une forme d'investiture citoyenne que rejettent les principaux candidats de la gauche à l'Elysée (Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Arnaud Montebourg).
Cette primaire en ligne, soutenue à ce jour par 300.000 personnes et comptabilisant 110.000 inscriptions, est prévue du 27 au 30 janvier.
Les "électeurs" désigneront leur champion parmi une série de candidatures, dont celles, enregistrées d'office, de Yannick Jadot (EELV), Anne Hidalgo (PS), Jean-Luc Mélenchon (LFI), aux côtés du député européen Pierre Larrouturou, d'une experte en santé publique, Charlotte Marchandise, et d'une jeune militante, Anna Agueb-Porterie.
Une notation les départagera. Ce résultat n'est en rien contraignant mais pourrait renforcer Christiane Taubira si elle est "choisie". Dans le cas contraire, elle renoncerait donc à sa candidature, mais à aucun moment elle n'a appelé explicitement pendant son discours de Lyon à une union de la gauche.
Christiane Taubira n'a d'ailleurs pas attendu l'issue de cette consultation pour dévoiler une partie de son programme, dont "l'émancipation de la jeunesse" avec sa proposition de verser 800 euros par mois aux étudiants pendant cinq ans ; "la justice sociale" avec la revalorisation du smic et des petits salaires, en particulier dans le domaine de la santé ; ou encore l'accélération de "la transition écologique" avec la proposition d'une TVA à taux zéro pour les produits biologiques, combat qu'elle promet de porter au niveau européen.
Christiane Taubira, créditée actuellement de 3% à 3,5% dans les sondages, avait été candidate du Parti radical de gauche (PRG) à l'élection présidentielle de 2002, lors de laquelle elle avait obtenu 2,32% des suffrages exprimés au premier tour.