Il souffle comme un vent de fête dans les rues de Douala, cet après-midi du jeudi 13 janvier. D’un bout à l’autre de la ville, les drapeaux et autres effigies à l’image des Lions indomptables parsèment le décor. Outre le concert sonore habituel, l’écho vrombissant des vuvuzelas se fait entendre presque partout. Comme un effet de mode, de nombreux automobilistes portent fièrement les couleurs du pays, bien mises en évidence sur la carrosserie de leurs véhicules. Nous sommes à deux heures ce jour-là de l’affiche opposant le Cameroun à l’Éthiopie, et comptant pour la deuxième journée des matchs de poule de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2021). Et dans la ville, de nombreux citoyens tentent de rallier leur domicile, les terrasses de bar ou les nombreux sites dédiés, pour ne rien rater de la rencontre.
Des bouchons dans les rues de Douala à deux heures du match
© Sputnik . Anicet Simo
Le match de toutes les émotions
Sur l’immense site du Parcours vita, fan zone homologuée par la Confédération africaine de football (CAF), des supporters par dizaines font leur arrivée à une heure du coup d’envoi. Ici, une cinquantaine de stands ont été aménagés pour divers commerces: gadgets de la compétition, grillade et alcool. Cependant, les stands les plus courus sont ceux dédiés à la vente des boissons alcoolisées. Face à l’écran géant disposé pour la diffusion du match du jour, de nombreux supporters lèvent le coude en attendant le coup d’envoi: "nous sommes là pour supporter notre équipe nationale jusqu’à la victoire finale. Et on préfère être ici plutôt qu’à la maison parce que l’ambiance est bonne",lance au micro de Sputnik Yannick Kapoa, fan de l’équipe nationale, avant d’entamer goulûment sa bouteille de bière.
"J’ai confiance en l’équipe du Cameroun. Nous allons battre l’Éthiopie et passer au prochain tour", hurle enthousiaste, une autre supporter vêtue aux couleurs nationales.
De nombreux fans des Lions indomptables assis dans les bars circonstanciels
© Sputnik . Anicet Simo
Et quand résonne l’hymne national du Cameroun, dans l’antre du stade d’Olembe situé à 300 kilomètres de Yaoundé, c’est l’euphorie totale. Comme un air de communion nationale, face au gigantesque écran qui retransmet la rencontre, la fan zone hurle le refrain à gorge déployée. Un rare moment d’union nationale dans un pays déchiré depuis peu par de nombreuses crises internes et la montée des discours tribaux. Malheureusement, la joie sera de courte durée. Dès l’entame du match, les Éthiopiens créent la surprise et marquent à la 4e minute de jeu. Un coup de froid traverse la fan zone du Parcours vita de Douala.
De nombreux supporters des Lions indomptables ont les yeux rivés vers l’écran
© Sputnik . Anicet Simo
Mais blessés dans leur fierté, les Lions vont réagir quatre minutes plus tard. Sur une tête au second poteau, l’attaquant de Lyon en France Karl Toko-Ekambi envoie le ballon au fond des filets et permet au Cameroun de revenir au score. C’est l’euphorie totale. Entre accolade et cris stridents, les supporters se jettent littéralement les uns sur les autres et la voix du speaker de circonstance raisonne au son des refrains populaires. L’égalisation fait renaître les espoirs.
Des supporters célèbrent le premier but des Lions indomptables
© Photo Nimbus
"Je vous ai dit qu’on ne peut perdre ce match, ce n’est que le début. Quand le lion est blessé, il réagit. Nous aimons bien nous faire peur au début comme au premier match face au Burkina Faso. Mais ça va aller", confie Fabrice H, avant de retrouver son siège qu’il venait de quitter pour célébrer le but égalisateur.
"On va remporter cette CAN"
Le score restera inchangé jusqu’à la fin de la première période. Pendant la pause, l’espoir est sur tous les visages. Les consommateurs renouvellent leur bouteille de bière tandis que les enceintes de la fan zone crachent des décibels. Sur l’espace sableux qui fait office de podium, quelques artistes chanteurs peinent à capter l’attention des spectateurs, trop concentrés à commenter la première manche et à faire des pronostics. De retour des vestiaires, la seconde manche est un récital. Vincent Aboubakar, déjà auteur d’un doublé lors du match d’ouverture contre le Burkina Faso, réédite l’exploit en inscrivant deux autres buts à la 53e et à la 55e minute. Un moment d’émotions intense pour les fans. À la 67e minute de jeux, Karl Toko-Ekambi vient crucifier les Éthiopiens en marquant le 4e but du Cameroun. Un festival de buts qui plonge la ville dans l’extase totale, et les prédictions les plus optimistes commencent à se faire entendre.
Des supporters crient leur joie au parcours vita de Douala
© Photo Nimbus
"On va gagner cette CAN, je vous assure. Les Lions sont en forme. Aucune équipe ne va nous arrêter", crie de toutes ses forces Abou, membre d’un fan club improvisé pour la compétition.
Si les hommes de Toni Conceiçao, le sélectionneur camerounais, ont eu d’autres occasions, le score (4:1), restera inchangé jusqu’au coup de sifflet final, laissant place à la fête dans les différents coins chauds de la ville de Douala. Avec six points au compteur et cette large victoire, les Lions indomptables sont qualifiés pour les huitièmes de finale de cette compétition qu’ils attendaient de jouer à domicile depuis 1972.