Malgré la propagation rapide de l’Omicron, des scientifiques de différents pays ont pointé le fait que ce nouveau variant semble moins agressif. Le professeur de biochimie à l'École de biochimie et d'immunologie du Trinity College de Dublin Luke O’Neill a expliqué les raisons pour lesquelles l’Omicron causerait plus rarement une forme grave, en donnant des détails dans un article publié sur le site du média en ligne The Conversation.
L’une des raisons se situe dans les cellules T qui sont capables de faire face à ce nouveau variant. Quand le SARS-CoV-2 infecte les poumons, la forme grave survient, ce qui implique des symptômes tels que des difficultés respiratoires, et l'Omicron semble moins capable de le faire, selon le scientifique.
"Il y a toutefois une deuxième raison pour laquelle l'Omicron ne semble pas causer de maladie grave. Il s'agit du fait qu'un élément clé du système immunitaire, les cellules T, est capable de gérer l'Omicron", fait savoir Luke O’Neill.
La protéine spike à la surface du virus SRAS-CoV-2 est une cible clef pour les anticorps. Ceux-ci s'accrochent à la protéine spike et la bloquent, l'empêchant ainsi d'interagir avec les cellules que le virus tente d'infecter, lui assurant une protection.
"Cependant, dans le cas de l'Omicron, les parties du spike que les anticorps reconnaissent ont changé et les anticorps sont ainsi moins capables de neutraliser le virus", détaille le chercheur irlandais.
De ce fait, les cellules T peuvent toujours reconnaître et éliminer l'Omicron.
Les cellules T protectrices
Le T du nom des cellules vient du thymus, un organe situé dans la poitrine où elles arrivent à maturité. Leur mode d'action est différent de celui des anticorps. Lorsqu'une cellule est infectée par un virus, elle prend un morceau de la protéine spike du virus et l'affiche à sa surface. C'est un peu comme si la cellule infectée agitait un drapeau rouge pour dire qu'elle est infectée. Les cellules T ont des capteurs pour ce drapeau sur leur propre surface. Ils s'accrochent à la cellule infectée et la tuent.
"La méthode peut paraître un peu extrême, mais elle est surtout redoutablement efficace. Car en tuant la cellule infectée, on élimine aussi le virus qui ne peut donc pas repartir infecter de nouveaux hôtes. C’est comme une explosion contrôlée. Ce processus permet donc de contrôler le virus en l’empêchant de coloniser et pirater toujours plus de cellules", écrit Luke O’Neill.
Une autre étude portant sur les cellules T
Auparavant, des chercheurs de l'Imperial College de Londres avaient déjà révélé que des niveaux élevés de cellules T générées par le corps en cas d’infection par des coronavirus humains sont capables de protéger contre le Covid, selon une étude parue dans la revue Nature Communications.
Toutes les personnes, même en l'absence de vaccination, ne contractent pas le Covid après avoir été exposées au SARS-CoV-2, loin de là. Les scientifiques estiment qu’elles ont une forte immunité de leurs cellules T, phénomène qui s’est produit lors de la rencontre avec d'autres coronavirus humains existant depuis longtemps.
La propagation de l’Omicron
Plus de la moitié de la population européenne devrait avoir été contaminée par le variant Omicron du coronavirus responsable du Covid-19 dans les six à huit semaines à venir, a prévenu mardi 11 janvier Hans Kluge, le directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Europe.
"À ce rythme, l'Institute for Health Metrics and Evaluation [un institut de statistiques en santé publique basé à Seattle, ndlr] prévoit que plus de 50% de la population en Europe soit infectée par l’Omicron dans les six à huit semaines qui arrivent", a souligné le docteur Hans Kluge lors d'un point de presse.
L’Omicron se répand rapidement dans le monde entier, les experts affirmant que 40% de la population mondiale sera infectée dans les deux prochains mois, ajoute Luke O’Neill dans son article.